Cet article a d'abord été publié sur Labourseauquotidien.fr
Les indices américains ont bouclé vendredi dernier leur cinquième semaine consécutive dans le vert. Au-delà de progressions annuelles, qui oscillent entre 7,5% pour le Dow Jones et 9,6% pour le Nasdaq, nous sommes impressionnés par le ratio séances de hausse/séances de baisse depuis le 1erjanvier. Celui-ci s’établit en effet à 5 contre 1. Il est même encore plus haut pour le S&P500.
Une impression d’essoufflement dominait pourtant à l’issue de la semaine précédente, mais elle s’est vite dissipée comme en atteste les hausses de respectivement 1,3, 1,4 et 1,6% du Dow Jones, du Nasdaq et du S&P500 entre lundi et vendredi derniers. De son côté, le VIX (le baromètre du stress) est retombé le 1er février vers 16,15, un niveau de confiance (il serait plus pertinent de parler de « complaisance ») qui n’avait plus été observé depuis le 10 octobre 2018.
L’appétit pour le risque que de tels niveaux semblent traduire ne se retrouve toutefois pas dans le discours des gérants, ni dans celui des stratèges, ce qui constitue une évolution majeure par rapport justement au 10 octobre dernier. Les principaux indices américains venaient alors de pulvériser des sommets historiques, le CAC40 caracolait au-dessus de 5 500 points et la correction de la seconde semaine d’octobre ne constituait qu’une saine respiration dans une tendance haussière dont on ne cernait pas l’horizon. Nous étions encore dans le cycle du « buy the dips ».
Autrement dit : achetez tous les creux et notamment celui de ce mois d’octobre car une telle aubaine ne se reproduira pas de sitôt ! Songez en effet que si Donald Trump perd les élections de mi-mandat, ou même « seulement » la majorité à la Chambre des représentants, une situation de « cohabitation » se solde par une hausse des marchés dans neuf cas sur dix – et dans 95% des cas dans trois à six mois suivant les « midterms ».
Si vous ajoutez à cela 90% de hausse au mois de décembre depuis 20 ans, le rally de fin d’année se profilait avec une probabilité proche de 100% sur la période novembre/décembre 2018. Contre toute attente, il n’en fut finalement rien et le coup au moral subi par les investisseurs aura été l’un des plus douloureux depuis le début de l’automne 2011.
Quant au rebond qui s’est amorcé le 24 décembre, il a rapidement été qualifié de « rebond de chat mort », de sursaut technique dans un marché déserté… et de parfait non-sens conjoncturel.
Les GAFAM restent en retrait par rapport au Nasdaq Composite
Maintenant, lorsque le rebond franchit le cap des 10%, les gérants demeurés prudemment sous-investis n’ont plus le choix : il leur faut regarnir les portefeuilles… et vite car plus les indices grimpent, plus les vendeurs se dérobent.
Plus le temps de se lancer dans des achats « discriminants » ! Il faut « ramasser » les gros dossiers, et avec d’autant plus de vigueur que les GAFAM restent relativement en retrait par rapport au Nasdaq composite.
Amazon (NASDAQ:AMZN) et Apple (NASDAQ:AAPL), qui avaient un temps franchi la barre des 1 000 Mds$ de capitalisation, affichent désormais respectivement 795 et 785 Mds$ de « capi ». Celle de Microsoft (NASDAQ:MSFT) se situe quant à elle à 788 Mds$, juste devant Alphabet (NASDAQ:GOOGL) et ses 775 Mds$, tandis que Facebook (NASDAQ:FB) a décroché à « seulement » 476 Mds$.
Il n’est cependant pas certain qu’Amazon conserve longtemps son leadership, sachant que le titre a dévissé de 5,4% vendredi, entraînant les Kohl’s et autres Target dans son sillage. Un nouveau coup de mou pour le secteur de la distribution qui pourrait en appeler d’autres…
Le consommateur européen était en effet déjà aux abonnés absents en fin d’année (surtout en Allemagne et en Italie) et les soldes de janvier en France vont probablement constituer une grosse déception. De leur côté, les ménages américains pourraient durablement restreindre leurs dépenses dans l’hypothèse encore plausible d’une multiplication des « shutdown ». En conséquence, Wall Street serait de nouveau en proie au doute… au moment même où les indicateurs techniques de surachat commencent à s’affoler avec un Dow Jones à 25 000 points et un Nasdaq qui se heurte aux 7 300 points (+10% depuis le 1er janvier).