La plupart des gens ne veulent pas le voir mais nous sommes en guerre comme le disait François Mitterrand au crépuscule de son second mandat présidentiel à propos des États-Unis :
« La France ne le sait pas mais nous sommes en guerre avec l’Amérique.
Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans morts… apparemment
Oui ils sont très durs les américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde…
C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort ! »
François Mitterrand
Nous avons depuis créé l’Euro afin de peser sur la scène monétaire internationale mais son implosion se rapproche de jours en jours. La gabegie de l’Euro n’est pas l’objet de ce papier mais l’actualité récente (rencontre entre Trump et Poutine) nous incite à revenir sur la guerre commerciale et monétaire qui fait rage car c’est très probablement grâce à elle que le Bitcoin s’est refait une santé pendant qu’on était en vacances.
Poutine vs Dollar
La Russie a le Dollar dans son collimateur. En Mai, Moscou a vendu près de 70 % de ses bonds du trésor américain après les avoir déjà divisé par deux Avril. Le Kremlin a vendu en l’espace de deux mois l’équivalent de 81 milliards de Dollars d’obligations américaines. La Russie ne détient plus que l’équivalent de 15 milliards en dette US et ces largages massifs ont évidemment fait monter les taux d’emprunt US qui a franchi le Rubicon des 3 % au cours de cette période. 3 % par an, ce n’est pas rien quand on a une dette de plus de 20 000 milliards à faire rouler…
Pour mettre les choses en perspective, sachez que la Russie produit autant de pétrole que l’Arabie Saoudite. Notez également que le Venezuela, qui possède des réserves de pétrole encore plus grandes que celles de l’Arabie Saoudite, a récemment décidé de ne plus vendre son pétrole en Dollars et que l’Iran a fait ce choix depuis longtemps déjà.
Après avoir dit cela, il est facile de deviner pourquoi l’Oncle Sam menace d’intervenir militairement au Venezuela et de mettre le pays sous embargo comme c’est le cas actuellement avec l’Iran… Pour protéger le petroDollar bien sûr !
Le Dollar, ce droit de servage américain
La richesse des États-Unis dépend en très, très, très grande partie du privilège exorbitant d’avoir la monnaie dans laquelle se vend le pétrole. Washington use de sa position dominante pour empêcher l’émergence d’un monde multipolaire où le Dollar ne serait plus si proéminent (80 % du commerce mondial se fait toujours en Dollars et 62.5 % des réserves de change des banques centrales du monde sont également en Dollars…).
Le fait que le pétrole soit vendu en Dollars signifie ni plus ni moins que tout le pétrole du monde appartient aux USA. Il faut bien comprendre cela. Le pétrole étant la principale importation de la majorité des pays, le monde est obligé de posséder des Dollars (et donc de la dette US afin de collecter un rendement sur ce réserves de Dollars). Les pays doivent donc se procurer ces Dollars à force de commerce alors qu les USA n’ont qu’à faire marcher la planche à billets. Il suffit de voir l’allure de leur balance commerciale pour s’en convaincre…
Balance commerciale US
Voilà pourquoi Russie, Iran et Venezuela sont sous embargo : Pour empêcher que ces pays, à l’instar de l’Irak et la Libye… n’amorcent la fin de l’empire du billet vert.
L’Amérique se sert du Dollar comme d’une arme et peut interdire à n’importe quel pays de cesser de commercer avec un autre pays si elle le souhaite pour seul prétexte que leurs échanges commerciaux sont réalisés en Dollars. Et lorsque que certains pays sont prêts à réaliser leurs échanges dans une autre monnaies (Il faut sévèrement burné comme dirait l’autre), alors les USA les forcent à choisir quel marché ils préfèrent. Le marché Iranien ou le marché US ?… Les multinationales ont vite fait leur choix… Et quand cela ne suffit pas, on relève les droits de douane. Donald Trump a déjà taxé 35 milliards d’importations chinoises et prévoit de continuer de plus belle.
L’impérialisme monétaire US ne passe plus en Russie mais aussi ailleurs
Face à cette dictature du Dollar, la Russie et la Chine ont fortement augmenté leurs réserves d’or depuis une décennie. Le but étant de remplacer le Dollar en réinstaurant une sorte de gold standard et ainsi convaincre les pays du monde de préférer leurs monnaies adossées à de réelles réserves d’or plutôt qu’avec un Dollar impérialiste, va-en-guerre et adossé à une dette colossale.
La Chine a décidé de réaliser pour 10 000 milliards d’investissements le long de la nouvelle route de la soie (silk road) afin d’obtenir de tous ces pays de commercer en Yuans et non plus en Dollars. La Chine a aussi commencé à liquider son énorme stock de dette US (Elle possède toujours 1/5 de la dette US détenue par des étrangers, environ 1200 milliards).
La Russie et l’empire du milieu ne sont pas isolés. Le sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a clairement inscrit à son agenda la dé-dollarisation. Et soit dit en passant, les pays membres des BRICS rassemblent aujourd’hui plus de 40% de la population mondiale…
Le ministre russe de l’Economie, Maxime Orechkine, a par ailleurs insisté la semaine du 16 juillet sur le fait que le forum pourrait permettre d’aborder la nécessité de se détacher de la devise américaine : «Dans tous les pays des BRICs, on comprend de plus en plus qu’il faut s’orienter activement vers des échanges hors dollar.»
L’or et le Bitcoin, ces apatrides
Contrairement au Dollar, l’or est apatride. Aucun gouvernement ne le contrôle et en cas de guerre commerciale prolongée, il pourrait retrouver ses lettres de noblesse pour régler les échanges commerciaux entre pays si les Etats-Unis devaient resserrer l’étau en décidant de restreindre fortement la disponibilité du Dollar.
Néanmoins, l’or n’est pas exactement une monnaies d’échange très pratique. Pour de nombreuses raisons que ceux qui ont échangé leur or pour des cigarettes lors de la seconde guerre mondiale avaient bien identifié.
Le métal jaune est en train de perdre du terrain face au Bitcoin qui est infiniment plus pratique si l’on oublie le fait que sans internet, il devient sans valeur, contrairement à la relique barbare…
Il est certain que la Russie et la Chine sont en train de changer leur fusil d’épaule et se demandent si en plus de l’or, les cryptomonnaies ne seraient pas les clous manquant dans le cercueil du Dollar…
La création du Bitcoin, c’est un peu le Bretton Woods du 21ième siècle… Une monnaie apatride qui ne confère pas à un seul pays un pouvoir monétaire exorbitant.
Les Chinois derrière la récente hausse du Bitcoin ?
Si le Bitcoin a progressé ces derniers jours, mon petit doigt me dit que l’explication se trouve du côté de la Chine. En effet, Pekin a massivement dévalué sa monnaie quelques jours après le début du rebond du Bitcoin. Très probablement, des « insiders » savaient que la dévaluation allait avoir lieu et ont décidé d’acheter du Bitcoin avant pour s’en protéger. (Pour rappel, les Chinois n’ont pas accès au marché des changes, le Yuan n’est pas une monnaie flottant dans le magma du forex).