Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La communication à géométrie variable de la Maison-Blanche qui, dans chaque communiqué, chaque interview et chaque tweet présidentiel, vient remettre en doute ce que le marché tenait pour acquis le quart d’heure précédent, n’entame pas, mais alors pas du tout, la fermeté du dollar. Le billet vert ce jeudi teste son zénith annuel de 1,1520 face à l’euro.
Début juin, nous aurions sans hésiter adhéré au consensus selon lequel son cours était dopé par un rendement du 10 ans voisin de 3% et désormais aussi par le rendement de court terme : le 2 ans a culminé à 2,6% quand le rendement du 2 ans allemand était de -0,7%, soit 330 points de base d’écart de rémunération !
Mais au fil du mois, le spread entre les T-Bonds et les Bunds s’est resserré d’une dizaine de points de base.
A partir de là, on peut considérer que le dollar bénéficie de sa dynamique propre, au-delà de ces considérations de différentiels de rémunérations.
▶ La guerre des devises, arme de la guerre commerciale
Cette « force relative » est surtout criante face au yuan, qui vient quant à lui d’inscrire ce jeudi un plancher de 6,6316$, marquant une baisse du yuan de 3,8% depuis le 14 juin.
Ainsi l’empire du Milieu laisse-t-il « filer » sa devise, dont je rappelle qu’elle reste sous l’étroit contrôle de la PBOC (la banque centrale chinoise) et que ce n’est en aucun le « marché » qui fixe librement sa valeur vis-à-vis du billet vert.
C’est donc Pékin qui orchestre délibérément la chute du yuan face au dollar… dans l’optique de gagner par avance les points de compétitivité qu’une hausse des tarifs douaniers américains pourraient lui faire perdre… La guerre commerciale va prendre une autre tournure.
▶ L’or, victime collatérale de la hausse du dollar
La hausse du dollar fait par ailleurs une victime collatérale : l’or, qui validait mi-juin la cassure du support oblique des 1 280$ et a perdu depuis 2,5% supplémentaires…
Le métal précieux menace maintenant d’enfoncer les 1 250$, soit un repli de l’ordre de 4,5% sur le semestre.
Exprimé en euro, l’or ne perd pas un pouce de terrain depuis le 1er janvier. Exprimé en dollar, le prochain objectif se situe en revanche au niveau du support des 1 238,5$ du 12 décembre dernier, soit un recul de 10% par rapport au triple ou quadruple sommet inscrit sous 1 356/1 360$.
Et si l’or devait perdre 1% supplémentaire, cela signifierait que le billet vert pourrait atteindre ou dépasser les 1,1400€, ouvrant ainsi un nouveau potentiel de progression face à l’euro… et au métal précieux.