Rien ne semble être en mesure de freiner la dépréciation de la livre turque sur le marché des changes, qui ne cesse d’enregistrer des records de faiblesse face au couple euro/dollar. Et les lueurs d’espoir ne semblent pas légion.
Après avoir déjà perdu près d'un quart de sa valeur l’année passée face à la monnaie unique, la livre accuse déjà un repli de plus de 7% à l’approche du premier trimestre.
Illustrant la tendance baissière de plusieurs décennies de la devise, le seuil symbolique des 5 euros pour une livre ne semble plus qu’une question de jour.
Même le dollar, qui se trouve lui aussi dans une période de sous-performance sur le marché des changes, s’apprécie fortement.
Les actifs risqués délaissés
Globalement et au même titre que d’autres devises émergentes, la livre turque a souffert dernièrement des craintes d’une guerre commerciale accrue entre les Etats-Unis et la Chine.
Ces inquiétudes poussent en effet les investisseurs à se détourner des actifs risqués au profit de placement plus sûrs, comme le yen japonais par exemple.
Et à en juger de la sensibilité de la devise, la livre risque bien de continuer à sous-performer au cas où la situation s’aggraverait, notamment en raison du gonflement du déficit du compte courant turc et de la fuite des capitaux qui semble se produire, souligne le site spécialiste des changes forex.quebec.
Une fuite des capitaux qui peut également s’expliquer par le resserrement monétaire en vigueur aux Etats-Unis, lequel rend les placements en dollar davantage rémunérateurs.
Interventionnisme d'Erdogan
Les raisons de l’affaiblissement de la devise ne sauraient toutefois se limiter aux élans protectionnistes de Donald Trump. Le pays doit en effet compter avec une inflation galopante de plus de 12%. Et, bien que sa banque centrale ait adopté un ton belliciste, celle-ci n’a pas relevé suffisamment les taux pour freiner l’inflation.
« L’absence de mesures concrètes renforce les inquiétudes quant à l’indépendance de la Banque, compte tenu des fréquentes critiques du président Erdogan à l’égard des taux d’intérêt élevés », selon forex.quebec.
A plus d’une reprise, le président turc s'en est vivement pris à l’institution monétaire, la pressant de baisser ses taux afin d'encourager les emprunts dans l'espoir de soutenir la croissance par la consommation et les investissements.
Dans une atmosphère électorale à un an et demi d'élections importantes, l’interventionnisme de Recep Erdogan a plombé à plus d’une reprise le cours de la livre.
Profiter de l’accès de faiblesse de la livre
Les investisseurs qui souhaiteraient se risquer à diversifier leur épargne, et profiter au passage du niveau actuel de la livre, trouveront de nombreuses obligations libellées dans la devise dans la sélection d’Oblis.
Pour ne citer qu'un exemple, il y a cette obligation de la Banque européenne d’investissement, remboursable en 2020, assortie d’un coupon de 10% et notée « AAA » chez Standard & Poor’s.
Elle peut être achetée à 91,13% du nominal, correspondant à un rendement de 13%. La coupure est de 1.000 livres turques (+/- 200 euros).