Affichant une performance positive de 19% depuis le début d’année, l’action du leader belge de la grande distribution constitue l’une des bonnes surprises à la bourse de Bruxelles, faisant mentir au passage les prédictions des analystes.
Là où d’importants sociétaires de l’indice BEL20 comme AB InBev, Telenet et Proximus connaissent un parcours boursier teinté de rouge vif, Colruyt fait partie des meilleurs élèves de la classe depuis le début d’année, voyant sa capitalisation progresser à près de huit milliards d’euros.
Ce matin encore, le titre du distributeur s’adjugeait près de 5% à 51,66 euros, suite à la tenue de l’assemblée générale de la société hier soir, durant laquelle la direction a dit s’attendre pour l'exercice en cours à un résultat net consolidé légèrement supérieur à celui de 2017-2018. Le management a par ailleurs indiqué sa volonté de poursuivre son programme de rachats d'actions.
Pour autant et comme le titrait dernièrement le journal L’Echo, Colruyt reste l’action mal-aimée de la communauté des analystes, celle-ci et c’est un euphémisme, étant mitigée quant à son potentiel.
A un point qu’aucun des 19 brokers qui suivent la valeur ne se risque à conseiller de l’acheter. Et si cinq d’entre eux conseillent de conserver la valeur en portefeuille, 14 recommandent de la vendre, avec un objectif de cours médian de 38,78 euros à un horizon de douze mois.
Globalement, les analystes jugent la valorisation du titre trop élevée, notamment en regard de ses pairs européens et du secteur hautement concurrentiel de la grande distribution en Belgique, dont Colruyt fait office de leader.
Une situation concurrentielle qui devrait être exacerbée, alors que le marché belge s'apprête à accueillir un nouveau venu, en l’occurrence Jumbo, le numéro deux du marché néerlandais de la distribution.
"Prèts à faire face à l'arrivée de Jumbo"
Tout comme Colruyt, Jumbo se veut garant des meilleurs prix et devrait dès lors marcher sur les platebandes de son rival belge, ce qui pourrait mener à une guerre des prix. Selon Exane BNP Paribas (PA:BNPP), un tel affrontement pourrait impacter les marges de l’enseigne de Hal.
A l’occasion de l’assemblée générale hier soir, Jef Colruyt s’est toutefois dit prêt à faire face à l'arrivée des magasins Jumbo, le patron ajoutant que son entreprise poursuivra ses investissements à long terme de manière soutenue, et continuera sa stratégie du meilleur prix de manière cohérente.
On notera qu’avec un objectif de cours de 48 euros et une recommandation à « conserver », la Banque Degroof Petercam se montre la plus optimiste. Dans les colonnes de L’Echo, son analyste Fernand de Boer soulignait cet été que le discounter avait lourdement investi ces dernières années dans la qualité de son organisation.
‘Ces investissements sont bientôt terminés et sont sur le point de porter leurs fruits’ expliquait l’analyste, ajoutant qu’il devrait permettre à Colruyt de renforcer sa position dominante tandis qu’après 2018, les investissements de ce programme devraient se réduire et donc améliorer les résultats et le cash-flow".
En termes de dividendes, la direction a proposé ces dernières un dividende relativement stable. Au titre de l’exercice 2017, le dividende brut s'élevait à 1,12 euro, identique à 2016.
A propos de Colruyt
Fondé il y a 80 ans, Colruyt était à l’origine une petite entreprise familiale. Aujourd’hui, le groupe compte plus d’une quarantaine de marques pour les particuliers et les entreprises.
Colruyt est essentiellement dans le secteur de la distribution où il est actif sous l’enseigne éponyme mais aussi avec les supermarchés de proximité OKay et Spar, ce qui lui permet de détenir une part de marché de 31,8% en Belgique.
Le groupe est également actif dans le non-food, avec par exemple la chaîne de magasins de jouets Dreamland, ainsi que dans les carburants (stations DATS), l’énergie (EOLY) ou encore, le commerce de gros.