Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Les dernières déclarations de Christine Lagarde, en fin de semaine dernière, avaient de toute évidence pour objectif premier d’accentuer la pression sur l’Allemagne, dont la nouvelle présidente de la BCE déplore les excédents (les Pays-Bas sont également dans son viseur), lesquels seraient de son point de vue bien plus utiles s’ils étaient investis dans des infrastructures ou l’éducation.
L’ancienne patronne du FMI a d’une façon générale confirmé son penchant keynésien en se disant convaincue que le seul moyen de faire croître une économie est de se reposer sur les interventions du gouvernement. Las ! L’Allemagne semble bien en peine de se décider à quoi que ce soit, alors qu’Angela Merkel est en fin de règne et que celle qui doit lui succéder menace maintenant de jeter l’éponge.
La nouvelle présidente de la CDU Annegret Kramp-Karrenbauer (dite « AKK ») vient en effet de voir son parti essuyer plusieurs revers électoraux cuisants cet automne, ce qui suscite des interrogations quant à la pertinence de sa ligne politique. Dès l’ouverture du congrès du parti conservateur de la CDU à Leipzig le 22 novembre, elle a mis les délégués au pied du mur et s’est fendue d’une déclaration sans ambiguïté : « si ma vision de l’Allemagne vous dérange et que la politique que je mène ne vous plaît pas, alors arrêtons ici et maintenant » !
Il serait quoi qu’il en soit suicidaire pour Annegret Kramp-Karrenbauer de tenter de se faire un nom en imposant une stratégie de « choc et de rupture » consistant à rompre avec la thésaurisation en vigueur depuis 14 ans, sans même être en mesure de décrire quels seraient les bénéfices d’une politique de relance keynésienne pour le pays. La présidente de la CDU se verrait de surcroît accuser de céder devant Christine Lagarde, alors qu’Angela Merkel a, elle, constamment résisté à la pression que lui mettait Mario Draghi pour mettre du stimulus dans l’économie allemande.
La chancelière a même si bien résisté aux sollicitations de l’ex-président de la BCE que ce dernier a fini par remettre lui-même du stimulus via le rétablissement d’un « QE » auquel le patron de la Bundesbank Jens Weidman n’était pas favorable.
Michael Bloomberg se lance dans la course à l’investiture démocrate
Aux Etats-Unis, Donald Trump applique pour sa part des recettes strictement inverses : relance fiscale, fuite en avant dans les déficits, soutien à la consommation par le biais des achats à crédit.
Cette politique sera-t-elle tenable jusqu’au scrutin présidentiel de novembre 2020 ? Alors que nous sommes à 12 mois de l’échéance, un autre milliardaire s’est lancé dans la course côté démocrate : l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, qui dispose de moyens financiers encore plus conséquents que ceux du président en exercice pour faire campagne.
Dans l’immédiat, le test économique le plus intéressant, et peut-être crucial, sera celui de Thanksgiving + « Black Friday » + « Cyber Monday ». D’ici lundi prochain en effet, nous saurons si la consommation des ménages est susceptible d’être le moteur sur lequel Donald Trump pourra s’appuyer pour espérer voir Wall Street terminer l’année sur un rally haussier à la hauteur de ses ambitions.
Car les hausses de 25 à 30% affichées par le S&P500 et le Nasdaq cette année lui semblent encore très éloignées du potentiel qu’il revendique comme récompense de sa politique qui a fait des Etats-Unis « la meilleure économie du monde »… à moins qu’il ne s’agisse du plus gigantesque Ponzi de tous les temps…
Alors qu’il pourrait trouver Michael Bloomberg sur sa route dès le mois de mars, sous réserve bien sûr que le magnat démocrate remporte la primaire face à Elisabeth Warren, Bernie Sanders et Joe Biden, l’attachée de presse du président américain a eu cette formule : « (cette candidature) n’est que licornes et arc-en-ciel. »
C’est tout ce que Wall Street adore et la Bourse de New York devrait effacer dès ce lundi les pertes symboliques de la semaine passée. Tokyo, qui a clôturé sur un gain de près de 0,8%, et le CAC40, qui prenait près de 0,5% en milieu de matinée, à peu près autant que le DAX, ont montré la voie…