Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Comme l’a rapporté mon collègue Philippe Béchade dans ces colonnes hier, Donald Trump a encore réussi à surprendre son monde. Non pas avec un énième tweet incendiaire contre la Chine, mais en ayant annoncé un report de six mois de la mise en place de taxes douanières sur les véhicules européens importés outre-Atlantique.
Orientés à la baisse en milieu d’après-midi, les marchés actions ont immédiatement réagi, opérant un brusque revirement, avec en toute logique un secteur auto qui a caracolé en tête.
Malmenés ces derniers jours, les Valeo (PA:VLOF), Faurecia (PA:EPED) et autres Renault (PA:RENA) se sont finalement repris hier dans la dernière heure de cotation… mais retombaient dans leurs travers ce jeudi à l’approche de la mi-séance. En parlant de la marque au losange, le titre, pénalisé par les déboires de Nissan (T:7201), a plongé hier dans la zone des 50 €.
Or, c’est le type de niveau qui commence à retenir mon attention, ce pour plusieurs raisons.
Une belle carte à jouer sur Renault ?
Tout d’abord en termes de valorisation. Plus que le PER, de l’ordre de 3, ou encore les 15 Mds€ de capitalisation boursière (ce qui, à 3 Mds€ près, représente désormais la simple participation détenue dans Nissan), c’est surtout le rendement attendu qui devient particulièrement attrayant. Avec un dividende de 3,55 € à venir dans un mois (le détachement interviendra très exactement le 18 juin), le rendement instantané avoisine les 7%, justement le seuil d’alerte pour mes indicateurs…
D’une manière plus générale, et dans la grande majorité des cas, quand je recommande un titre pour son rendement, il est important de chercher à savoir si celui-ci va être pérenne ou non.
En effet, pour que les sociétés qui détachent leur dividende aient le potentiel de remonter ensuite, vous devez toujours vous demander s’ils sont en mesure de « servir » un coupon équivalent l’année suivante. Je vous livre ci-dessous un extrait de ce que j’écrivais à mes abonnés au service BAQPRO vendredi dernier sur cet aspect :
« Un exemple avec le cas de Nexity. Le groupe immobilier va distribuer un coupon de 2,5 € en fin de mois. En avril, avec un cours alors autour des 43/44 €, cela représentait un rendement d’un peu plus de 5%. A ce stade, avec un titre tombé sous les 40 €, le rendement instantané grimpe à plus de 6%. Or, une fois que le titre cotera hors coupon, cela nous donnera un cours autour des 37,50 €, sur de nouveaux plus bas annuels. Passée cette étape, le PER instantané tombera vers les 10, pour un rendement 2020 attendu de près de 7%. Bradé ? C’est effectivement ce que j’ai en tête étant donné la politique de redistribution mise en place par le management, avec la probabilité élevée d’un coupon équivalent sur 2020 (surtout vu l’environnement obligataire, toujours très favorable au secteur). Ce qui, après coup, risque fort d’attirer de nouveaux acheteurs. Et donc de faire remonter le titre dans ses niveaux “pré-gap de dividende” à terme. »
En cette période de détachement de dividende, et étant donné la saisonnalité actuelle, il convient d’être sélectif. Et si les quelques valeurs que je détiens encore en portefeuille dans le service BAQPRO présentent ce « combo » rendement attrayant + perspective bénéficiaires favorables, je me demande si je ne vais pas tenter un trade plus opportuniste sur Renault.
Un rendement de 7% dès le mois prochain pour une valeur cyclique du secteur automobile n’est en effet pas commun.
Et si le maintien d’un coupon du même ordre pour 2020 ne semble pas acquis eu égard aux déboires de Nissan (qui pèseront négativement à hauteur de 56 M€ sur ses bénéfices trimestriels), à brève échéance, outre l’éventualité d’un accord sino-américain le mois prochain, l’apaisement en termes de newsflow sectoriel (après les annonces de Donald Trump hier donc) est un autre atout à ne pas négliger dans l’idée d’un sursaut contestataire du titre du constructeur d’ici l’été…