Cela n’a rien d’une anecdote. L’indice Russell 2000, qui recense l’essentiel des Mid et Small Caps cotées aux Etats-Unis, a inscrit vendredi dernier une 11e séance de hausse et un 4e record absolu d’affilée à 1 316 points.
Le Russel 2000 s’est envolé de +2,6% sur la semaine, laissant le Nasdaq loin derrière avec +1,6% et le S&P 500 plus loin encore avec +0,8%.
La logique pro-Trump qui a submergé Wall Street alors que les sherpas et Carl Icahn contraient avec détermination la baisse des indices se lit de façon de plus en plus limpide. Trump va baisser les impôts des entreprises, Trump va s’opposer à l’envahissement des USA par des produits à bas coûts… donc Trump est le nouveau champion des entreprises américano-américaines de taille intermédiaire.
Comprenez que si l’impôt sur les sociétés est abaissé de 35% (et même de 38% dans certains Etats) à 15%, ce ne sont pas les multinationales qui vont en profiter puisque elles ne payent déjà que 9 à 12% de taxes en moyenne grâce à leurs stratégies d’optimisation fiscales. 12%, c’est en quelque sorte la norme internationale puisqu’il s’agit du taux d’IS pratiqué par l’Irlande. En Europe, c’est un taux plancher… mais pour une multinationale du S&P 500 ou de l’Euro Stoxx 600, c’est un plafond qu’il serait ridicule de dépasser.
Par contre, pour les mid caps dont le business et les débouchés sont locaux, pas d’optimisation et le taux d’imposition qu’elles supportent est de 35% (ou 38%), point barre !
Maintenant, il va falloir se poser la question de l’attitude des membres du Congrès face à une mesure qui va priver les Etats-Unis de centaines de milliards de recettes fiscales sur les entreprises, ce qui pourrait être considéré comme un nouveau cadeau fiscal fait aux riches.
Les actionnaires semblent également avoir succombé au mirage des Trumponomics : l’appétit pour les actions est passé à de nouveaux sommets historiques, selon l’enquête de l’Association Américaine des Investisseurs Individuels.
Ce baromètre du risk-on/risk off est un excellent instrument d’anticipation. Il était au plus bas historique le 13 mars 2009 – la veille du retournement haussier. Si pour faire fortune en Bourse, il faut prendre le consensus à revers, voilà alors une occasion en or !
Quand la hausse des taux déclenchera la fuite en avant
Et il n’est pas nécessaire d’aller débusquer des divergences cachées dans les graphiques parce qu’il en existe une, tellement énorme, que les actionnaires ne la voient pas fondre droit sur leur portefeuille : le rendement du T-Note (le 10 ans US) dépasse les 2,36% (record annuel) et celui du 30 ans franchit le cap des 3% ! Même le 5 ans américain, avec ses 1,8%, offre désormais un rendement plus élevé que les valeurs du Nasdaq !
L’autre grande leçon des 10 dernières séances, c’est que cette tension des taux longs contamine les bons du Trésor européens, avec un impact particulièrement sévère sur les dettes périphériques. Cela tombe au plus mauvais moment pour l’Italie, en panne de croissance et dont le système bancaire est déjà à l’agonie avec des taux voisins de 1,1% cet été… en hausse de plus de 100 points en cette fin novembre (2,18% au plus haut le 18/11).
Et très franchement, le référendum constitutionnel à quitte ou double de Matteo Renzi (qui joue sa survie politique le 4 décembre), c’est comme les sondages qui donnaient gagnants le Brimain ou l’élection triomphale d’Hillary : les marchés se montrent optimistes… mais une fois encore, de vous à moi, je ne le sens pas bien !
Angela Merkel, qui brigue un quatrième mandat de Chancelière, arrivera-t-elle à convaincre les épargnants allemands qu’il va falloir lâcher quelques centaines de milliards d’euros pour que l’Italie parvienne à se maintenir en zone Euro ?