Le marché obligataire en euro a gagné ses lettres de noblesse cette année. Jamais en effet, les compagnies internationales n’avaient émis autant et sur d’aussi longues maturités des « euro bonds ».
Il va sans dire que ce sont les taux de financement extrêmement avantageux qui ont incité les entreprises étrangères à s’endetter en euro, de quoi leur permettre de financer leur fusion-acquisitions sur le vieux continent dans de bonnes conditions.
Et à ce petit jeu, ce sont les compagnies américaines qui se sont taillées la plus grosse part du gâteau, avec 65 milliards d’euros, soit 22% de l'ensemble des émissions corporate en euro, contre 38 milliards en 2014. En cette fin d’année, UPS, Alliance Data Systems, Thermo Fisher Scientific ou Continental Rubber of America sont notamment venus solliciter les investisseurs.
Les émetteurs américains ont par ailleurs joué un rôle déterminant dans l’extension des maturités, signe de leur confiance dans le marché de la dette en euro à long terme, bien après l’arrêt par la BCE de son programme massif de rachats d’actifs, souligne Bloomberg.
A titre d’exemple, Coca-Cola et le fabricant de biscuits Mondelez, ont émis des emprunts à 20 ans. On pourrait également citer l’opérateur AT&T, Procter & Gamble ou encore Whirpool.
‘Le marché en euros s’est développé en profondeur et en maturité’, explique Peter Schikaneder, responsable de l’origination* pour les entreprises internationales chez Commerzbank (DE:CBKG) à Londres. ‘Certaines opérations sont désormais possibles dans le marché, alors qu’elles ne l’étaient pas avant’.
En 2015, le marché obligataire en euro a même attiré des entreprises qui n’avaient jamais émis d’emprunt dans la devise européenne. C’est le cas par exemple de Berkshire Hathaway, le conglomérat du célèbre investisseur américain Warren Buffett, du câblo-opérateur Time Warner ou du gestionnaire de fonds BlackRock.
Beijing Energy a également fait son baptême du feu sur le marché obligataire en euro et a soutenu par la même occasion les émissions réalisées par les entreprises chinoises cette année, qui ont levé plus de neuf milliards d’euros, contre … zéro en 2014.
Quelques possibilités d’investissement
Vous pourrez trouver toutes les émissions mentionnées ci-dessus dans notre sélection d'obligations, au même titre que celle réalisée début décembre par le fabriquant de pneus Goodyear Tire & Rubber Company. Ce dernier a émis pour 250 millions d’euros d’obligations remboursables dans huit ans. Le coupon se monte à 3,75% et la coupure à 100.000 euros. Goodyear est un émetteur de la catégorie spéculative, avec un rating « BB » chez Fitch et chez Standard & Poor’s.
Quelque jour plus tôt, toujours sur le segment des émetteurs High Yield, l’entreprise américaine spécialisée dans les emballages métalliques (canettes…) Ball Corporation (N:BLL) plaçait deux obligations en euros. L’une d’entre elles arrivera à maturité en 2023 et offre un coupon de 4,375%. La coupure est fixée à 100.000 euros avec un rating « BB+ » chez Standard & Poor’s.
Le montant collecté permettra au groupe basé dans le Colorado de financer l’acquisition du fabricant britannique de canettes pour boissons gazeuses Rexam Plc. L’opération, qui devrait être bouclée au début de l’année prochaine, donnera naissance au numéro un mondial du secteur.