Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
« Le spectre de la guerre commerciale déstabilise les marchés », « Wall Street subit son plus sévère sell-off depuis un mois », « La nervosité gagne les investisseurs ». Ce sont quelques-uns des gros titres qui ont fait la une sur les chaînes financières et les sites d’information boursière.
Sauf que, moins de 24 heures plus tard, alors que les commentateurs nous assuraient que les marchés actions étaient désormais au bord du gouffre, le Russell 2000 (cet indice qui regroupe 2 000 small caps américaines et dont Gilles Leclerc vous a parlé lundi) a pulvérisé un nouveau record absolu à 1 707 points, tandis que Nasdaq inscrivait un nouveau zénith à 7 806 points.
Les marchés sont tellement tétanisés par la peur d’une dégradation des conditions macroéconomiques qu’ils sont le pied au plancher, incapables de l’enlever de l’accélérateur pour appuyer sur la pédale de frein avant de négocier la prochaine épingle à cheveux.
▶ Disney et Comcast (NASDAQ:CMCSA) se disputent 21st Century Fox
Et pour corser l’affaire, la fièvre des « fusions/acquisitions » est venue déverser de l’éther dans le réservoir. Car le catalyseur de la hausse de cette nuit a été la surenchère de Walt Disney sur 21st Century Fox. Le géant américain du divertissement a en effet proposé un rachat à 38$ par action, une semaine après que Comcast ait offert 35$, soit une offre de 65 Mds$ (à 100% en cash).
Disney a ainsi ajouté la bagatelle de 20 Mds$ par rapport à son offre initiale du 14 décembre dernier, ce qui valorise Fox à 71,3 Mds$.
Faut-il maintenant s’attendre à un relèvement de l’offre de Comcast à 40$, ce qui représenterait 75 Mds$, soit 50% de plus que l’offre initiale de Disney ?
Plus largement, combien de nouveaux raids à plusieurs dizaines de milliards de dollars sont-ils susceptibles d’être lancés avant que le coût de l’argent ne soit jugé dissuasif ?
▶ Les investisseurs pensent avec leurs tripes
Les fusions-acquisitions deviennent une stratégie défensive à partir du moment où les perspectives de croissance s’amenuisent : plutôt que d’investir leurs liquidités dans des paris incertains, les entreprises préfèrent accroître leurs parts de marché de façon mécanique tout en réalisant des économies d’échelle.
Quant au Nasdaq, rien ne semble pouvoir stopper sa marche en avant ! D’autant qu’hormis le secteur des médias, en ébullition depuis six mois, un autre moteur spéculatif se rallume, celui des « biotechs/pharmas », ce qui témoigne d’un retour du full risk-on.
Ainsi Viacom grimpait au même rythme que Regeneron (+3%), Netflix (NASDAQ:NFLX) faisait jeu égal avec Biomarin (respectivement +2,9 et +2,8%), Netease rivalisait avec Facebook (NASDAQ:FB) (+2,3%), et Alexion (NASDAQ:ALXN) Pharma et Vertex (NASDAQ:VRTX) prenaient chacun 2,1% environ.
En moins de 24 heures, le regain de nervosité associé à la guerre commerciale a donc cédé la place à une nouvelle poussée stratosphérique du Nasdaq et du Russel 2000.
L’avidité est de retour et les opérateurs pensent avec leurs tripes, ce qui illustre cette célèbre réplique du film Wall Street : « Greed is good » (« La cupidité est bonne »).