A l'échelle mondiale, les entreprises ont déjà fait défaut sur l’équivalent de 50 milliards de dollars de dettes cette année. Un nombre de défauts qui connaît selon Standard & Poor’s son rythme le plus soutenu depuis la crise financière de 2009.
Avec cinq défauts dont le premier européen de l’année, en l'occurrence celui du papetier norvégien Norske Skogindustrier, la semaine dernière a été particulièrement sanglante, portant le total des émetteurs défaillants à 46 depuis le 1er janvier.
Sans surprise, ce sont les entreprises des secteurs gaziers et pétroliers (13 défauts) et miniers (9 défauts) qui sont les plus touchées, avec une forte représentation des compagnies américaines (37 défauts).
Dernière en date, Peabody (OTC:BTUUQ) Energy, le plus important producteur privé de charbon au monde, qui s’est placé mercredi sous la protection de la loi de la faillite. Victime de la baisse des prix de cette matière première considérée comme l'une des plus polluantes au monde, le groupe n’était plus en mesure d’assurer le service d'une dette qui avait financé son expansion en Australie.
Dans le même temps, Energy XXI, un important producteur de pétrole et de gaz ainsi que Midstates Petroleum échouaient eux aussi à honorer leurs échéances financières.
9 à 11% de défauts pour les entreprises minières et pétrolières
Pour Diane Vazza, analyste chez Standard & Poor's, d’autres accidents seraient malheureusement à craindre, compte tenu de la faiblesse persistante des prix pétroliers, conjuguée au resserrement monétaire de la FED et au ralentissement économique global.
Car si les cours du pétrole ont rebondi depuis leur plus bas de janvier, ils restent toujours de 60% inférieurs par rapport au plus haut d’il y a deux ans, rappelle l'analyste, qui s’attend à ce qu’environ 4% des entreprises américaines notées dans la catégorie spéculative fasse défaut d’ici à la fin de l’année, soit le double en regard des chiffres de 2014.
Pour la Deutsche Bank (DE:DBKGn), on ne serait qu’au début de ce cycle de défaut dont le paroxysme est attendu en 2017 et 2018. La Banque allemand anticipe notamment un taux de défaillance compris entre 9 et 11% pour les entreprises spéculatives (BB+ ou moins) minières et pétrolières.
Un peu de répit
Le rebond des marchés ces dernières semaines a toutefois donné un peu de répit aux entreprises dont la dette est jugée spéculative par les agences de notation. Selon les données de Bank of America Merrill Lynch, pendant que le pétrole rebondissait, le rendement moyen des obligations spéculatives en dollar retombait sous les 8%, contre 10% en février.
Malgré tout, la prudence reste de mise quant à la durabilité de ce rebond. Pour Stephen Caprio, stratégiste de crédit chez UBS cité dans le Financial Times, 'les entreprises notées B ou CCC ne sont tout simplement pas en mesure, aux conditions de marchés actuelles, d’émettre de la dette'.
Les statistiques de Dealogic montrent à ce titre que les émissions de dettes spéculatives ont été réduites de moitié en regard des niveaux de l’année passée, tombant à 56 milliards de dollars aux États-Unis.
'Et même si ces entreprises ne doivent pas refinancer leur dette dans l’immédiat, 'elles devront le faire tôt ou tard et auront de gros problèmes si les choses ne changent pas', ajoute Stephen Caprio. 'L’espoir pourrait venir d’une amélioration des résultats et des cash-flows des entreprises, sans quoi, le remboursement de leurs dettes sera incertain', conclut l’analyste.