Face aux conséquences de la guerre en Ukraine, le réassureur Scor (PA:SCOR) se donne du temps. Il a donc décidé de reporter sa Journée Investisseurs qui avait été programmée pour le 29 mars. La décision, communiquée le 11 mars, a alimenté la prudence déjà perceptible pour les obligations du groupe (cfr graphique).
Perpétuelle subordonnée
L’obligation perpétuelle subordonnée sous revue cote désormais aux alentours de 93% du nominal sur le marché secondaire. Autrement dit, l’investisseur bénéficie d’un rendement de 6,5% jusqu’au 13 mars 2029, date à laquelle l’émetteur s’est donné le droit de rembourser par anticipation et au pair son emprunt libellé par 200.000 dollars. Si Scor n’exerce pas ce droit, alors celui-ci continuera à courir, mais son coupon sera adapté et correspondra au taux des bons du Trésor américain à 5 ans à échéance constante augmenté d’une prime fixe 2,37%. Le calendrier d'adaptation des coupons peut être consulté sur la fiche de l'emprunt.
Rating "Investment grade"
Ajoutons que cette souche obligataire est notée "A-", trois crans de moins que la note de Scor, mais toujours dans la catégorie "Investment grade". Cette différence s’explique par un risque plus élevé (par rapport à la dette dite "senior" de l’émetteur), lui-même lié au caractère subordonné de l’emprunt. Ce rang de subordination signifie qu’en cas de faillite de l’émetteur, le remboursement de ces obligations est subordonné au remboursement des dettes ‘senior’ et, dans le cas présent, après les autres dettes subordonnées. On comprend dès lors la sensibilité des prix de l’obligation à l’évolution du contexte économique global.
Scor rassure
Scor se veut rassurant. En effet, il estime dans son communiqué daté du 11 mars que si les conséquences macroéconomiques de l’invasion de l’Ukraine par la Russie pourraient être multiples (hausse des prix de l’énergie, inflation, croissance économique ralentie…), "l’impact direct sur son activité devrait être limité et les fondamentaux du groupe ne seront pas affectés".
Cette annonce relègue des résultats annuels 2021 plutôt solides, marqués par un résultat net de 456 millions d’euros et un rendement sur fonds propres de 7,2%, malgré la poursuite de la pandémie de Covid 19 dans le monde et une fréquence élevée de catastrophes naturelles pour la cinquième année consécutive. Le groupe présidé par Denis Kessler rappelait également, sur le front des prévisions 2022, que la remontée probable des taux d’intérêt aurait un impact positif sur le rendement des actifs investis du groupe.
Acteur mondial de premier plan
Créé en 1970, Scor fournit des solutions et des services de réassurance dans tous les domaines liés au risque, en assurance Vie (longévité, mortalité, dépendance…) comme en assurance Biens & Dommages (catastrophes naturelles, agriculture, industrie, transport, construction…). Ces activités lui ont permis de réaliser un chiffre d’affaires de 17,60 milliards d’euros l’année dernière. Le groupe qui emploie 3.600 personnes et exploite 36 bureaux opérant dans 160 pays affiche une capitalisation boursière de l’ordre 5 milliards d’euros. Il rivalise avec Hannover (18,5 milliards d’euros de capitalisation boursière) ou encore Munich Re (DE:MUVGn) (33,81 milliards), pour ne citer qu’eux.