Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Wall Street est parvenu ce mercredi 6 mai à entretenir l’illusion d’une résilience inexpugnable en affichant crânement une progression de +0,5% à +1% dès les premiers échanges.
La Bourse américaine est devenue plus hésitante à mi-séance, mais arborant toujours un biais positif.
Mais au cours des 90 dernières minutes, c’est le biais baissier qui l’a emporté -et très nettement en toute fin de séance- avec un Dow Jones en repli de -0,9%, un S&P500 en baisse de -0,7%… mais le Nasdaq, plus que jamais en lévitation, continue de surperformer, de façon insolente, avec un gain de 0,5% au final.
Deux heures auparavant, le Nasdaq caracolait avec une hausse de +1,2%, à proximité de ses meilleurs niveaux de fin avril (8 920 les 29 et 30 avril) et se retrouvait à 10% des records absolus du 19 février (9 820 en clôture, 9 838 en intraday).
L’année 2020 se résumerait donc à une correction anodine de -10%, après une hausse de +59,5% en 14 mois (depuis un plancher de 6 200 fin décembre 2018).
En réalité, la structure de l’indice se déforme spectaculairement à mesure que le ramassage des FAANG et des GAFAM se poursuit obstinément : leur incidence sur le Nasdaq100 mais également le S&P500 devient complètement disproportionnée, carrément écrasante.
Les GAFAM + Netflix (NASDAQ:NFLX), c’est désormais 25% du S&P500, et près de 40% du Nasdaq100.
C’est surtout 120% de la performance annuelle du Nasdaq100 (+3% environ), ce qui signifie que les 95 autres titres vous font perdre du temps et de l’argent cette année… comme 95% des valeurs du S&P500 d’ailleurs.
Un simple graphique vaut d’ailleurs mieux que 100 démonstrations : voici la performance des FAANG, la quintessence des valeurs de croissance, depuis mi-2014 (fin du dernier QE officiel de la FED).
Voici maintenant le S&P500 « value », composé majoritairement de valeurs qui distribuent de solides dividendes :
L’enquête mensuelle d’ADP (PA:ADP) qui dévoile un chiffre jamais vu : 20,236 millions d’emplois perdus dans le secteur privé au mois d’avril.
Enfin, pour remettre les GAFAM et le CAC40 en perspective, voici une petite comparaison de leurs capitalisations au 31 décembre 2019 et au 6 mai 2020 :
Capitalisations au 31 décembre 2019 :
Microsoft (NASDAQ:MSFT) : 1.200 milliards $
CAC40: 2.000 milliards $
À la clôture du 6 mai 2020 :
Microsoft: 1.390 milliards $ (juste devant Apple (NASDAQ:AAPL) avec 1.320Mds$)
CAC40: 1.387 milliards €
Vous vous y êtes presque laissés prendre : la capitalisation du CAC est de 1.500Mds$
Celle des GAFAM de 5.430Mds$ + Netflix (190Mds$) + Nvidia (NASDAQ:NVDA) (180Mds$) = 6.000Mds$
Autrement dit : les 7 leaders du Nasdaq-100 pèsent 4 fois le CAC40…