Dernière mesure en date, la vente annoncée ce week-end pour 3,1 milliards d’euros de la participation de Casino dans la chaîne de magasins thaïlandais Big C.
TCC, le conglomérat du milliardaire Charoen Sirivadhanabhakdi, s’est porté acquéreur et prend le contrôle d'un réseau de plus de 700 magasins, dont 125 hypermarchés.
Dans un communiqué, la direction de Casino indique que la vente de ses parts dans la société asiatique permet au groupe de réduire son endettement de 3,3 milliards d'euros, la transaction incluant la reprise de la dette financière nette de Big C.
Diminuer la dette à tout prix
Depuis plusieurs mois, Casino est en difficulté sur les marchés, pénalisé essentiellement pas son exposition au Brésil où il est fortement implanté. L’année passée, ses revenus ont reculé de 4,8%, avec une performance particulièrement mauvaise au quatrième trimestre.
Par ailleurs, l'endettement de Casino et sa faible rentabilité en France ont nourri les inquiétudes de nombreux analystes, dont celles du « short seller » américain Muddy Waters. Selon l’activiste, les comptes financiers du distributeur sont difficiles à interpréter et cachent une activité fortement endettée, avec des artifices pour payer les dividendes et honorer ses échéances.
Début janvier, Standard & Poor’s menaçait quant à elle de réduire le distributeur à l'état d’émetteur spéculatif. Une décision qui ne serait pas sans conséquence pour Casino sur le marché de la dette.
En effet, les obligations notées « High Yield » ne peuvent être détenues par certains investisseurs institutionnels. Dans l'éventualité d’une relégation de Casino dans la catégorie spéculative, ils devraient vendre leurs obligations sur le marché secondaire, accentuant un peu plus la pression sur les cours. En outre, ils ne pourraient plus souscrire aux nouveaux emprunts du groupe.
Pour garder son statut d’émetteur « Investment Grade », le groupe dirigé par Jean-Charles Naouri est engagé dans une véritable course contre la montre et a annoncé un vaste plan de cessions, dont ses activités en Thaïlande et au Vietnam.
Selon la Banque d'affaires Bryan Garnier, 'si Casino est capable de vendre ses activités au Vietnam à des conditions aussi bonnes qu'en Thaïlande, le distributeur serait proche de son objectif de cessions de 4 milliards d'euros avec ses seuls actifs asiatiques'.
Cela suffira-t-il à contenter Standard & Poor’s ? Rien n'est mois sûr. Dans sa note, l’agence redoutait que la vente de Big C ne soit diluée par un ralentissement sévère et prolongé au Brésil.
Détentes des rendements obligataires
Quoi qu’il en soit, les efforts entrepris par la direction semblent rassurer les investisseurs qui ont revu à la baisse, leurs exigences de rendement pour détenir les obligations Casino.
Il y a quelques semaines, ils exigeaient encore un rendement annuel proche des 6% pour se positionner sur l’obligation 3,311% - 2023, contre 4,80% actuellement. Cette obligation, qui requiert un investissement minimum de 100.000 euros en nominal, est notée « BBB- » chez Standard & Poor’s.
Précision importante, si Casino était dégradé dans la catégorie spéculative à la fois par Standard & Poor's et par Fitch, le coupon de l'obligation serait augmenté de 125 points de base (1,25%).