Les rendements affichés par la dette obligataire de Boparan atteignent des niveaux plus qu’inquiétants, alors que le groupe alimentaire britannique a publié le 20 novembre dernier une perte opérationnelle multipliée par trois au quatrième trimestre de son exercice fiscal décalé.
Acteur alimentaire important au Royaume-Uni à travers sa filiale 2 Sister Food Group, Boparan transforme et fournit des produits à base de volaille à une clientèle industrielle, professionnelle et de détail.
La société propose également des activités de transformation de viande rouge et est présente dans le secteur des protéines, des produits réfrigérés, surgelés et de boulangerie.
Sur le marché secondaire, le rendement de l’obligation remboursable en 2021 par le groupe dépassait au moment d'écrire ses lignes la barre des 18%, sur base d’un cours de 71% du nominal.
Un niveau de rendement allarmiste, reflété de surcroit dans le rating très spéculatif « CCC+ » accordé par Standard & Poor’s à l’emprunt.
On notera que le cours de l’obligation, qui s’inscrivait dans une tendance baissière ces dernières semaines, a encore perdu des plumes suite à la publication par la société des résultats du quatrième trimestre de son exercice fiscal bouclé fin juillet.
Si ses revenus ont progressé de 1,5% à 694 millions de livres sterling, sa perte opérationnelle a elle été multipliée par trois sur un an à hauteur de 53,8 millions de livres.
On rappellera qu’en début d’année, 2 Sister Food Group a vu son fondateur Ranjit Singh Boparan quitter ses fonctions de Président après 25 ans, suite à un scandale d’hygiène dans certaines de ses usines.
Un reportage réalisé par The Guardian et la chaîne de télévision ITV montrait notamment des employés de la société modifier les dates d'abattage sur des caisses de poulets et réintroduisaient dans la chaîne de production des volailles tombées au sol.
Un scandale qui n’avait pas manquer de soulever des questions au sujet des normes alimentaires de la société, et contraint celle-ci à suspendre la production de son usine de West Bromwich pendant de nombreuses semaines. En début d’année, Ranjit Singh Boparan avait été auditionné à ce titre par le parlement britannique.
Dans un communiqué, Ron Kers, nouveau patron de 2 Sister Food Group recruté chez le géant des produits laitiers Muller, a déclaré que les résultats étaient dus à « la combinaison d’un contexte économique difficile et des défis auxquels nous avons été confrontés dans notre propre entreprise ».
Le producteur alimentaire BOPARAN a ensuite annoncé son intention de rembourser prioritairement les obligations à échéance 2019 en GBP avec le produit de la vente d’actifs cédés pour diminuer son niveau d’endettement. Cette annonce a eu pour effet de stabiliser le cours des obligations à échéance 2019 en GBP aux alentours de 93% soit un rendement de 18%. Quant aux obligations en EURO et en GBP à échéance 2021, elles ont vu leur prix chuter aux alentours de 70% traduisant la crainte que la situation financière de la société ne permette pas de rembourser ses échéances obligataires de 2021.
Les détenteurs de l’obligation 2021 estiment que le produit de la vente des actifs, destiné à alléger l’endettement de la société, doit rembourser de manière proportionnelle les obligations quelle que soit leur échéance. Ils se disent prêts à intenter une action légale en ce sens. Action en justice dont la direction de Boparan se dit ne pas être informée.
D’après la presse britannique, il se pourrait qu’un vide juridique permette effectivement de procéder à un remboursement sélectif de la dette. 95 millions de GBP devraient être prochainement remboursés sans qu’aucune précision ne soit apportée en terme de calendrier.
Source Bloomberg ; Evening Standard