Les investisseurs ont revu à la hausse ces derniers mois leur prétention de rendement pour bien vouloir détenir de la dette obligataire émise par le groupe de distribution Metro AG, bien connu pour ses enseignes destinées aux professionnels de l’Horeca (Macro notamment).
A titre d'exemple, l’obligation remboursable en 2025 émise par le colosse de la distribution affiche désormais un rendement annuel de 2,30%, sur base d’un cours nettement inférieur au pair.
La coupure est fixée à 1.000 euros pour cette émission notée « BBB- » chez Standard & Poor’s, le dernier cran de la catégorie des placements jugés de bonne qualité.
Dans le même temps et selon un rapport de Bloomberg Intelligence, les CDS liés à la dette du grossiste allemand auraient également progressé.
Pour rappel, les CDS ou Credit Default Swap représentent la prime d’assurance à débourser pour s’assurer contre un défaut de paiement d’un émetteur. Son montant est fonction de la solvabilité de l’émetteur, faible lorsque celui-ci est jugé solide et élevé lorsque sa situation financière se dégrade.
Le milliardaire Daniel Kretinsky en embuscade
Cette tension s’inscrit dans un climat économique difficile pour le secteur de la distribution, et singulièrement de baisse des revenus pour Metro et ses filiales (36 milliards d’euros l’année passée).
Par ailleurs, toujours selon Bloomberg, la hausse des rendements obligataires traduirait l’inquiétude des créanciers de voir le grossiste allemand être victime d’un rachat.
Pour justifier leur thèse, les analystes de l’agence financière soulignent qu'EP Global Commerce, le fonds d'investissement de l'homme d'affaires Daniel Kretinsky, a acquis dernièrement auprès de la holding Franz Haniel une participation de 7,3% dans Metro et a conclu une option d’achat pour 15,2% supplémentaires.
En outre, EPGC a sollicité Ceconomy (enseignes d’électro-ménager Media Markt et Saturn), dont il se dit qu’il reprendrait la quasi-intégralité de la participation.
Ces rumeurs ont renforcé les spéculations prêtant à EPGC, l'intention de lancer une OPA sur Metro.
Et pour cause, comme le souligne Bloomberg, une participation supérieure à 30% du fonds dans le capital de Metro lui obligerait à soumettre une offre de reprise aux autres actionnaires du groupe.
En outre, Bloomberg évoque la possibilité de voir EPGC lancer une opération de type LBO (rachat par endettement) sur Metro, une opération qui dégraderait sans aucun doute la qualité de crédit de ce dernier.
Cessions d’actifs
On notera que face au contexte difficile du secteur de la distribution, qui pèse sur ses revenus, Metro travaille à la réduction de son endettement. Sa direction a mis dernièrement en vente sa chaîne d'hypermarchés Real, de laquelle elle espère tirer entre 500 et 750 millions d’euros.
Selon l’agence Reuters, Metro aurait reçu plusieurs offres de consortiums, dont une du groupe Schwarz, maison-mère de Lidl et Kaufland.