Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Depuis 10 ans, la Réserve fédérale tente en vain de « stimuler » l’économie américaine. Elle a l’espoir d’obtenir des croissances nominale et réelle soutenues ainsi qu’une hausse de l’inflation. La raison de cet échec est la suivante : les obstacles à la croissance sont structurels et non monétaires. On ne peut résoudre un problème structurel avec une solution monétaire. La Fed est bien partie pour commettre une nouvelle bourde le 13 décembre. Les marchés s’attendent à un relèvement des taux, qui a totalement été intégré dans les cours des obligations, de l’or, des devises et des actions.
▶ Alors la Fed : relèvera ou relèvera pas ?
Si la Fed ne relève pas les taux, nous assisterons à une réappréciation violente du cours des actifs à risques. Cela ferait flamber les bons du Trésor, l’or, l’euro et les titres dont l’évolution boursière est fortement corrélée à celle des taux d’intérêt, tels que les actions du secteur des utilities. On appelle ce type d’actions des bond proxy. Si la Fed relève bien les taux, cela ralentira davantage l’économie – laquelle s’essouffle déjà en raison d’obstacles structurels. Cela obligera alors à une baisse des taux au premier trimestre 2018, laquelle provoquerait la même flambée des utilities, de l’or et de l’euro que si la Fed ne relève pas ses taux en décembre… (mais avec trois mois de décalage).
Dans les deux cas, les bons du Trésor et les actions du secteur des utilities devraient s’envoler. Si vous vous positionnez maintenant, vous pourriez enregistrer d’énormes gains lorsque cette baisse inévitable des taux d’intérêt se produira. Ceux qui connaissent les rudiments du marché obligataire savent que les cours des obligations évoluent inversement à leurs rendements. Lorsque les rendements chutent, les cours des obligations grimpent. C’est aussi simple que ça.
Ce que l’on sait moins, c’est que le volume des gains financiers réalisés sur les obligations et provoqués par la baisse des rendements, grimpe à mesure que le niveau des rendements baisse. Le terme technique de ce mécanisme est la « convexité ». Ne vous inquiétez pas : inutile d’être un as du calcul obligataire pour comprendre qu’avec des taux d’intérêt à leurs niveaux actuels, chaque baisse de rendement produit des gains financiers proportionnellement plus importants que dans un contexte où les taux sont plus élevés.
▶ Les utilities : secteur peu exaltant mais pérenne
Les investisseurs ne savent peut-être pas que les actions du secteur des utilities peuvent tout à fait être considérées comme des bond proxy, s’agissant de leur sensibilité aux taux d’intérêt. En effet, les actions du secteur des utilities ont un faible potentiel de croissance (comme les obligations), mais sont adossées à des flux de revenus fiables (comme les obligations, également).
Lorsque les consommateurs sont en difficulté, ils peuvent annuler des vacances ou leur dîner au restaurant. En revanche, ils doivent tout de même régler leur facture d’électricité, d’eau, de gaz. Le secteur des utilities est certes peu exaltant mais c’est un secteur d’investissement pérenne. Nous nous apprêtons à assister à important rally des bons du Trésor, en raison de ce casse-tête de la Fed que je vous décrirai plus en détail dans un prochain article. Cela signifie que les actions du secteur des utilities vont s’envoler avec les bons du Trésor.
Pourquoi affirmons-nous cela ? Quels sont les signaux que nous intégrons dans notre système d’analyse pour anticiper ce scénario ? C’est ce que nous verrons lundi prochain.
Bien à vous,
Jim Rickards