Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Wall Street a perdu 1% la semaine dernière, un repli cependant anodin en regard des 40% repris depuis la mi-mars et des 3% engrangés sur le mois en cours.
Du point de vue des opérateurs, cette consolidation est une « respiration salutaire », mais toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Intel (NASDAQ:INTC) a ainsi dévissé de plus de 16% vendredi dans le sillage de l’annonce d’un retard de la commercialisation d’une nouvelle puce beaucoup plus rapide et puissante que ses prédécesseurs.
Ce « direct » au plexus est tout simplement la plus forte baisse du géant des semi-conducteurs en une seule séance depuis 20 ans et le tristement célèbre éclatement de la bulle des « dot.com ». Intel a par ailleurs entraîné dans son sillage d’autres grands noms du secteur comme KLA (-7,7%), Western Digital (-7,1%), Micron (NASDAQ:MU) (-5%) et Applied Materials (NASDAQ:AMAT) (-4,7%). La veille, le titre Tesla (NASDAQ:TSLA) avait de son côté lâché 5% et cédait encore 6,5% en clôture vendredi (il a même plongé de 10% en séance) pour, au bout du compte, une perte hebdomadaire de 13,8%.
Une semaine auparavant, une autre vedette de l’année, Netflix (NASDAQ:NFLX), avait en outre décroché de 7% en quelques heures, d’où une perte de 18% depuis le zénith du 12 juillet dernier à 575 $.
Enfin, l’action Microsoft (NASDAQ:MSFT) a abandonné 5% en l’espace de 48 heures en dépit de comptes trimestriels supérieurs aux attentes, la faute à des prévisions jugées prudentes pour l’activité « Cloud ».
Apple (NASDAQ:AAPL) et Amazon (NASDAQ:AMZN) attendus au tournant
La semaine qui débute sera marquée par la publication jeudi des comptes d’Amazon et d’Apple, attendu que le géant de l’e-commerce a vu son action céder 8% en l’espace de quatre séances et que la capitalisation de la marque à la pomme a reculé de 5% les 23 et 24 juillet. Ce sont donc des centaines de milliards de dollars qui se sont évaporés depuis le 22 juillet, alors que les GAFAM restent en tête des listes d’achat de presque toutes les gestions « benchmarkées ».
Et la question que se posent ceux qui sont restés volontairement sous-pondérés sur les titans de Wall Street est la suivante : ne s’agit-il pas d’une dernière occasion de recoller au peloton, même si les valorisations demeurent historiquement élevées ? Après tout, elles le sont un peu moins – toutes choses égales par ailleurs – qu’il y a une semaine, tandis que le Congrès est en passe d’adopter un nouveau « package » de relance de 1 000 Mds$.
Méfiance tout de même car cela fait 15 jours que Wall Street caresse cette perspective, mais contrairement aux précédents déluges de liquidité, celui-ci, s’il ne fait pas encore la pluie, fait de moins en moins le beau temps.
Sur les plans géopolitique et diplomatique, les relations sino-américaines sont devenues plus orageuses que jamais, avec un Donald Trump aux abois dans les sondages et qui tente une fois de plus d’exploiter la grosse ficelle des Chinois très méchants qui s’emploient à espionner les gentils Américains pour soigner sa cote de popularité.
Le président américain a fait fermer le consulat chinois de Houston et Pékin, en représailles, a ordonné vendredi matin celle du consulat américain de Chengdu. Une réponse proportionnée et pas de surenchère donc, en tout cas pour le moment, malgré le discours jugé insultant du Secrétaire d’Etat Mike Pompeo jeudi dernier, lequel a qualifié la Chine de tyrannie (en référence à Hong Kong et à l’oppression de la minorité Ouïgour) et accuse Xi Jinping d’être un « adepte convaincu d’une idéologique totalitaire en faillite ».
Pour l’heure, ce sont plutôt les chances de réélection de Donald Trump qui semblent en faillite… et ce n’est certainement pas pour déplaire à Pékin, qui a subi beaucoup d’extravagances depuis janvier 2017 et accepté de perdre la face – par pure tactique – à de nombreuses reprises.
Les Chinois voient loin… et ils ont aussi la mémoire longue.