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L’intelligence artificielle, entre promesses et craintes

Publié le 18/09/2018 12:33
Mis à jour le 14/05/2017 12:45

Hier, elle battait le meilleur joueur de go au monde. Aujourd’hui, elle guide les robots ou la main du chirurgien, dirige les voitures autonomes, prévoit les épidémies et les cyclones, effectue des diagnostics médicaux, opère en bourse, anime les assistants digitaux comme Siri ou Alexa, identifie les visages et la voix, recommande livres, albums et films… Et demain?

Ces prouesses et bien d’autres sont dues aux progrès fulgurants de l’intelligence artificielle (IA) et de l’apprentissage automatique (machine learning), c’est-à-dire un ensemble de techniques statistiques complexes permettant aux machines d’effectuer des tâches qui dépassent de loin les capacités humaines.

L’IA est a été rendue possible par le développement exponentiel du big data (qui est sa matière première) couplé à celui de la puissance de calcul des machines (qui double tous les 18 mois). Les applications IA ont pour objectif de détecter et d’analyser les informations pertinentes et les “patterns” dans la masse toujours plus vaste des données, afin d’aider les humains à prendre des décisions et de plus en plus souvent, d’agir à leur place.

On peut d’ores et déjà parler d’une véritable révolution, aux retombées incalculables, dont les effets se font déjà sentir dans de très nombreux domaines. Et comme toute révolution technologique majeure, l’intelligence artificielle (IA) fait rêver et fait peur. Elle permet à l’homme de mieux maîtriser son environnement grâce aux machines intelligentes mais elle suscite aussi la crainte de se voir un jour supplanté par ces mêmes machines. Dès qu’on évoque l’intelligence artificielle, Terminator, Big Brother et le chômage de masse ne sont jamais très loin.

En attendant de savoir si les prophètes de malheur finiront par avoir raison, les avancées de l’IA sont spectaculaires. De manière invisible, l’IA intervient dans de nombreux aspects de notre vie quotidienne. En analysant nos préférences, elle permet à Netflix (NASDAQ:NFLX), Spotify (NYSE:SPOT), Amazon (NASDAQ:AMZN) ou Facebook (NASDAQ:FB) de nous recommander des séries, des morceaux, des livres et des infos. C’est grâce à l’IA que les enceintes musicales comme Google (NASDAQ:GOOGL) Home ou Amazon Echo sont devenues de véritables assistants domestiques, capables de communiquer avec nous par la voix, afin de nous donner la météo du jour, chercher une info sur la toile ou réserver une table dans un restaurant.

Un puissant outil de diagnostic et de prédiction

L’IA intervient aussi dans des applications plus vitales. Brassant des myriades de données pour trouver des régularités et des patterns qui échappent à l’oeil ou à l’entendement humain, l’IA est en voie de devenir un outil indispensable pour effectuer des diagnostics, qu’ils soient médicaux ou autres. En août dernier, un programme IA de la société DeepMind (rachetée par Google) a permis, en analysant des scans de la rétine, de diagnostiquer 50 affections différentes des yeux avec une précision de l’ordre de 94%. La machine a obtenu des résultats comparables à ceux des meilleurs experts. En mai, on apprenait qu’après avoir assimilé 100.000 photos de mélanomes, une machine IA avait obtenu de meilleurs résultats qu’un panel de 54 dermatologues issu de 17 pays pour détecter les cancers de la peau. Et dans un tout autre domaine, un programme IA a prédit avec une précision de 79% qu’il y avait une violation de la loi dans les verdicts de la Cour européenne des droits de l’homme.

En plus d’être un puissant outil de détection et de prédiction, l’IA permet aux entreprises et aux organisations d’obtenir des gains de productivité, soit en autmatisant les tâches répétitives soit en optimisant les processus industriels, administratifs et marketing.

Jeff Bezos, le patron d’Amazon, a illustré ainsi l’apport de l’IA à la productivité de son entreprise. “Une grande part de ce que nous faisons à l’aide de l'apprentissage par machine a lieu sous la surface. L'apprentissage automatique permet à nos algorithmes de prédire la demande, classer nos produits, recommander les produits et les offres, trouver les bons emplacements pour le merchandising, détecter les fraudes, effectuer les traductions et bien plus encore”. Un jour, l’IA permettra à Amazon de piloter ses escadrilles de drones pour effectuer les livraisons comme il le fait déjà pour guider les robots Kiva dans ses entrepôts géants.

L’IA, gros moteur de croissance

Un rapport sur l’IA, publié par l’Institut McKinsey (“Modeling the Impact of AI on the World Economy”, september 2018) évalue à 13 trillions USD, le potentiel de l’AI d’ici 2030. Celui-ci entraînerait une croissance annuelle de 1,2% du PIB global, déduction faite des retombées négatives pour l’emploi ainsi que des coûts de transition, qui sont estimés, quant à eux, à 7 trillions USD.

Les bénéfices de l’IA ne seront pas visibles dans l’immédiat mais ils s’accélèreront au fur et à mesure que les entreprises l’adopteront, que ce soit pour augmenter leur productivité ou pour transformer radicalement leur fonctionnement. Le rapport prédit aussi que l’IA creusera l’écart entre les pays développés et les autres, les pays à bas salaires ayant moins d’incitations à adopter l’IA pour automatiser le travail. Les pays développés gagneront 17% de PIB cumulé d’ici 2030 alors que les gains ne seront que de 3% pour les pays en voie de développement.

Au nombre des facteurs expliquant les progrès de l’IA, le rapport cite l’augmentation continue de la puissance de calcul des ordinateurs, l’explosion des données – qui atteindra 163 zettabytes en 2025, soit 30 milliards de fois le contenu de la Bibliothèque du Congrès – ainsi que les performances toujours plus grandes des différentes catégories d’algorithmes. L’une des nombreuses approches mentionnées est “l’apprentissage par renforcement” qui permet de se passer d’exemples tirés du monde réel. Le programme d’IA s’auto-instruit (“learn from scratch”). C’est en suivant cette technique et après avoir joué des millions de parties contre lui-même que le programme AlphaGo Zero a écrasé par 100-0 le programme AlphaGo, lequel avait pourtant vaincu le champion du monde de go, le chinois Ke Jie.

Une révolution comparable à celle de l’informatique et d’Internet

Le rapport signale que l’IA modifiera radicalement nos modes de vie et nos façons de travailler. On doit s’attendre à une disruption sans précédent de nos habitudes. Les emplois recourant aux tâches répétitives et routinières seront particulièrement touchés par l’automatisation et cela ne concernera pas seulement les métiers à faible qualification, comme les caissières de supermarché ou les chauffeurs de taxi. Les traducteurs, les journalistes et d’autres professions à valeur ajoutée auront également du souci à se faire. Selon le rapport, 10% des emplois (ou des tâches) seront entièrement automatisés et 60% le seront partiellement.

L’IA inaugurera également une nouvelle ère au niveau des interactions entre l’homme et la machine. Véhicules autonomes, usines entièrement robotisées, smart cities, maisons intelligentes, magasins sans caisses, armes létales autonomes, les machines vont prendre progressivement le relais et seront quasiment nos partenaires. La communication vocale sera de plus en plus privilégiée.

Un enjeu stratégique majeur

Les perspectives économiques de l’IA étant considérables, elles ont aiguisé les appétits des Etats et des grandes entreprises du numérique, notamment les GAFAM et leurs alter egos chinois, entraînant dans leur sillage une longue traîne de startups à la pointe de l’innovation dans les domaines de la robotique, de la vision par ordinateur, de la reconnaissance visuelle, des technologies vocales, du traitement automatique du langage naturel. Chacun sent bien que l’IA est une technologie décisive dans la conquête de l'avenir, presque une question de vie et de mort. Comme l’a déclaré Vladimir Poutine: “Celui qui dominera l’intelligence artificielle dominera le monde”, ce qui en dit long sur sa vision des choses.

Les pays avancés sont tous dans les starting-blocks. En avril, la Commission européenne a présenté une série de mesures pour stimuler la compétitivité de l’Europe dans le domaine de l’intelligence artificielle. Quelques semaines plus tôt, le député macronien Cédric Villani avait présenté son rapport sur l’IA. D’autres pays sont également dans la course: Royaume-Uni, Corée du Sud, Allemagne, Suède, Israël.

Mais comme dans bien d’autres secteurs, les Etats-Unis et la Chine ont pris de l’avance. C’est en observant le programme AlphaGo battre le Champion coréen Lee Sedol au jeu de go que la Chine aurait eu son “moment Spoutnik” en réalisant que l’IA était une opportunité en or pour acquérir une avance décisive sur ses concurrents.

A la différence des Etats-Unis, la Chine possède une véritable stratégie et prévoit des investissements de l’ordre de 150 milliards USD d’ici 2030. Son ambition est de rattraper les Etats-Unis en 2020, les dépasser en 2025 et devenir le leader mondial incontesté en 2030. Ces prévisions ronflantes peuvent faire sourire mais en Chine, les grands bonds en avant ne sont pas un vain mot. Il y a dix ans, la Chine représentait 1% du e-commerce mondial. A l’heure actuelle, elle occupe 40% du marché.

Chine: une mobilisation pilotée d’en haut

La Chine possède de nombreux atouts pour gagner la course de l’IA. L’Etat encadre et subventionne la recherche et le développement. Il établit des plans, fixe des objectifs généraux à atteindre et peut compter sur une mobilisation totale des “champions” du numérique chinois (Baidu, Tencent, Alibaba (NYSE:BABA) et le spécialiste de la reconnaissance vocale iFlytek) ainsi que sur la synergie entre le secteur civil et militaire. Le ministère de l’industrie et des technologies de l’information a ainsi publié en décembre 2017 un plan d’action détaillé couvrant quatre champs d’activité pour la période 2018-2020. Ce document formule des objectifs concrets pour le développement de produits dans huit domaines-clés dont les véhicules connectés, les robots de service, la reconnaissance faciale, le diagnostic médical supporté par l’AI et les appplications AI pour l’industrie.

Parallèlement, le ministère chinois des Sciences et de la Technologie a lancé un appel d’offres pour 13 projets technologiques, qui bénéficieront de financements publics préférentiels. L’un de ces projets est la mise au point de puces IA qui devraient être plus puissantes que celles du leader du secteur, l’américain NVIDIA, lequel possède encore une solide avance. D’autres projets sont en cours pour créer les fondements d’une véritable industrie IA: création d’un immense campus de startups à Pékin, établissement de normes et d’un standard pour l’IA chinois, intégration de l’IA dans la création des “smart cities” chinoises, comme par exemple, Xiong’an, à 100 kilomètres de Pékin, qui sera pilotée par Baidu, le Google chinois.

Une expérience grandeur nature

La Chine possède un autre atout de taille pour développer son secteur IA. Contrairement aux pays démocratiques, elle dispose d’un immense vivier de données non protégées et disponibles. Sa population de 1,4 milliard d’habitants, étroitement surveillée, lui sert de cobaye. Près de 200 millions de caméras CCTV quadrillent le pays et ce nombre sera encore doublé en 2020. Déjà, tout Chinois se promenant dans l’espace public peut être identifié grâce à un logiciel de reconnaissance faciale. En cas d’infraction, il doit s’acquitter d’une amende sur le champ. En 2020, un système de “crédit social”, élaboré par les géants de l’internet chinois, attribuera des points à chaque habitant en fonction de son comportement. Sur les réseaux sociaux chinois comme Weibo, toute image “suspecte” peut déjà être effacée en plein transfert de données. Bref, le développement du big data et de l’IA est grandement facilité dans un pays dont l’objectif premier est le contrôle social de sa population et la cybersurveillance généralisée.

Face à celà, les Etats-Unis peuvent toujours compter sur un secteur privé dynamique, l’énorme vivier de talents et de capitaux que représente la Silicon Valley, des champions comme Google, Facebook, Amazon, NVIDIA, Tesla (NASDAQ:TSLA) et des milliers de startups. Mais il lui manque un plan à la chinoise. Certes, l’administration Trump a reconnu que l’IA était d’une importance stratégique capitale pour les Etats-Unis mais elle n’a pas proposé de vision globale. La course pour la maîtrise de l’IA est donc un test grandeur nature pour savoir qui, d’une économie de marché dominée par des acteurs privés, ou d’un capitalisme d’Etat étroitement encadré et planifié, sera finalement gagnant.

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