La devise indienne a touché en cours de semaine la barre des 85 roupies pour un euro, flirtant avec ses plus bas historiques. Selon la Patronne de JP Morgan India, malgré la faiblesse de sa monnaie, l’économie indienne conserverait de belles perspectives devant elle.
Devise de la plus grande économie de l’Asie du Sud, la roupie n’est pas épargnée par la crise monétaire qui touche les pays émergents. Après avoir démarré l’année à 63 roupies pour un dollar, elle vient de franchir pour la première fois la barre des 72 roupies pour un dollar. Face à l’euro, elle se traite non loin de ses plus bas historiques observés en 2014.
Selon les experts, la dépréciation de la monnaie est largement imputable à la flambée des prix du pétrole. Il faut savoir que la sixième économie mondiale (désormais devant la France et juste derrière le Royaume-Uni) importe massivement du pétrole pour couvrir les deux tiers de ses besoins.
Or, un pétrole plus cher conduit à une facture d'importation plus élevée pour l'Inde, ce qui aggrave le déficit de sa balance courante. En outre, la roupie pâtit du climat de défiance global qui touche les devises émergentes, en marge des crises monétaires observées en Turquie et en Argentine cet été.
Selon Kalpana Morparia, Directrice Générale de JP Morgan India, malgré les accès de faiblesse de sa devise, l’économie indienne aurait encore de belles perspectives.
‘La faiblesse de la roupie stimule la compétitivité des exportations, tandis que les bénéfices des entreprises ont bondit cette année et devrait continuer à le faire l’année prochaine. Enfin, la consommation intérieure est forte‘, a-t-elle déclaré lors du sommet des investisseurs organisé par JP Morgan à New Delhi.
Interviewée ce jeudi sur CNBC, Kalpana Morparia a souligné que la roupie s’est dépréciée d’environ 12,5% cette année face au dollar, ce qui la place en milieu de peloton par rapport à l’évolution des autres devises émergentes’.
La baisse de la roupie en soutien des exportations
‘Bien que la dépréciation soudaine de la roupie n’avait pas été anticipé, le sentiment général est que sa dépréciation devrait booster les exportations. Je pense que les autorités monétaires sont extrêmement concentrées sur la manière dont nous essayons et stimulons la compétitivité des exportations, non seulement dans les secteurs traditionnels que sont les services informatiques, les produits pharmaceutiques, les pierres précieuses et les bijoux, mais aussi les produits agricoles", a ajouté Morparia.
La banque centrale indienne a relevé deux fois son principal taux directeur cette année pour essayer de soutenir le cours de la roupie. En termes de croissance, rappelons que l’économie indienne a confirmé sa nette accélération au second trimestre, la croissance du PIB dépassant les 8% en glissement annuel, se montrant manifestement résiliente à l’envolée du pétrole et à la dépréciation de la roupie.
Et la patronne de JP Morgan India d’ajouter que ‘les bénéficies des entreprises ont bondit cette année, dans un ordre de grandeur allant de 14 à 20% selon les données des analystes, avec une consommation sous-jacente en Inde qui se maintient bien’.
Diversifier son épargne en roupie ?
Si vous souhaitez profiter de la faiblesse actuelle de la roupie ou tout simplement diversifier votre épargne, une des possibilités qui s’offrent à vous consiste à se positionner sur des emprunts libellés en devise locale.
Pour ce faire, nous avons épinglé l’obligation (5% - 2021) émise par la Banque mondiale dont le rendement annuel dépasse les 7%, sur base d’un cours indicatif de 94% du nominal.
Notée AAA chez Standard & Poor's, cette obligation est accessible par coupures de 100.000 roupies (+/- 1700 euros). Attention, le montant du coupon et le remboursement seront payés en euro.