Marchés vs. Technocrates

Ces derniers jours, les médias se sont fait l’écho du soutien des dirigeants politiques au maintien de la Grèce au sein de l’UME. Le G8 a notamment insisté sur l’importance pour la république hellène de rester dans l’union monétaire, indépendamment des désaccords sur les moyens de résoudre la crise. Lors d’un entretien avec CNBC mardi, l’ancien Premier ministre Lucas Papademos a souligné que la sortie de la Grèce serait catastrophique pour son pays et lourde de conséquences pour l’Union. Pendant la séance européenne d’hier, pourtant, les dirigeants de l’UE ont indiqué s’être mis d’accord, lors d’une téléconférence avec le groupe de travail de l’Eurogroupe, sur l’élaboration d’un plan d’urgence par chaque pays de l’UME pour se préparer à cette éventualité.
L’euro a de nouveau dévissé face au dollar pour tomber à 1,2544, soit une chute de 5,2 % depuis le début du mois ce qui représente son plus bas niveau depuis juillet 2010. Dans la foulée, les rendements ont atteint des plus bas records à 0,07 % pour l’adjudication du Schatz allemand à 2 ans et 0,748 % pour le papier US à 5 ans. De son côté, l’or a lâché 1,8 %, entraînant l’argent plus volatil dans sa chute (-2,55 %) dans l’heure qui a suivi l’annonce. L’or a récemment perdu son statut de valeur refuge et évolue en tandem avec les actifs risqués. Nous le voyons donc prendre une direction inverse à celle du dollar qui s’est, lui, renforcé depuis début mai, l’indice USD s’appréciant de 3,7 %.
S’exprimant à propos du dîner-sommet européen d’hier, Jean-Claude Junker a admis que la discussion autour des eurobonds avait été animée, les germanophones n’ayant guère apporté de soutien au projet. Les marchés font preuve d’une extrême lassitude au regard de solutions telles que les eurobonds ou la mise en place d’un système européen de garantie des dépôts bancaires, compte tenu du flou et du faible consensus entourant ces propositions. Nous pensons que l’euro restera sur sa trajectoire baissière, avec une accélération probable de cette tendance à l’approche du 17 juin. Les supports les plus proches de l’EURUSD s’établissent à 1,2488 et 1,2351. La livre sterling se prépare, quant à elle, à un été agité. La décision « finement équilibrée » du MPC de ne pas lancer un nouveau QE donne une importance cruciale aux indicateurs à venir.
Après les chiffres décevants des ventes de détail publiés hier, les traders seront sur le qui-vive, craignant de mauvaises surprises sur le front des statistiques économiques. Nous ne sommes toutefois qu’à quelques semaines des Jeux Olympiques et du Jubilé, aussi sera-t-il difficile de faire la part des choses entre données réelles et distorsions ponctuelles. Surveillez l’évolution de la devise britannique, qui pourrait faire du sur-place face au dollar et au yen, tout en continuant de s’apprécier aux dépens de l’euro. Le calendrier du jour est riche en statistiques. Le PMI chinois s’est révélé inférieur au seuil critique des 50 pour le septième mois consécutif, ce qui a poussé Pékin à réitérer sa volonté de stimuler la croissance. Les PMI manufacturiers de l’Allemagne, la France et l’UE sont également ressortis en baisse par rapport aux prévisions et sous la barre des 50.




The Risk Today:

EURUSD
L’EURUSD a dégringolé hier, partant des sommets de 1,2690 jusqu’à des niveaux inférieurs à 1,2550. Mais les chasseurs d’aubaine ont pu intervenir et absorber l’offre, de sorte que la paire a passé les deux dernières sessions à consolider entre les niveaux de 1,2545 et 1,2600. Cependant, à l’ouverture des marchés européens, le manque d’une nouvelle progression à la hausse et la faiblesse du PMI manufacturier allemand ont enfoncé la paire à un nouveau plus bas de 2 ans à 1,2534. Puisque la paire évolue sans risque au sein du canal baissier et au-dessous de la résistance haussière à 1,2790, nous continuons de tabler sur des positions courtes lors des reprises. Au-dessous de nous, le premier support se trouve à 1,2531 (plus bas du 26 mai 10), 1,2455 (plus bas du 21 juin 10), 1,2331 (plus bas du 16 juin 10) puis 1,2150 (plus bas du 29 juin). Toute reprise ultérieure fera probablement face à une résistance solide à 1,2824 (plus haut de la fourchette du 23 mai), 1,3068 (plus haut du 10 mai), 1,3081 (plus haut du gap), 1,3122 (plus bas du 2 mai) puis 1,3179 (plus haut du pivot du 7 mai).

GBPUSD
La demande dans la paire GBPUSD a rapidement baissé cette semaine, la poursuite incessante du mouvement de vente massive ayant poussé la paire à un plus bas de 1,5638. Au vu de la situation tendue dans la zone euro et face aux attentes incertaines d’un autre programme d’assouplissement quantitatif, les baisses ont décidément pris le contrôle de la paire pour l’instant. Compte tenu de la tendance baissière générale qui caractérise toujours la paire, nous nous attendons à ce que la tendance baissière soit vulnérable au cours des prochaines sessions. Le prochain support à la baisse se trouve à 1,5635 (plus bas du 15 mar), 1,5603 (plus bas du 12 mar) puis 1,5515 (objectif de prolongement). Si la dynamique baissière n’est pas soutenue et ne parvient pas à attirer des acheteurs au cours des prochaines sessions, la prochaine résistance pourrait se situer à 1,5703 (sommet de la fourchette hebdomadaire), 1,5813 (plus haut du 22 mai), 1,5987 (plus haut du pivot), 1,6014 (support devenu résistance), 1,6207 (plus haut du 4 mai), 1,6302 (plus haut du 30 mai), 1,6335 (plus haut du 31 août 11) et à 1,6455 (plus haut du 29 août 11).

USDJPY
La tendance baissière s’est légèrement apaisée aujourd’hui, l’USDJPY consolidant autour de la barre des 79,40. Face à l’intensification des difficultés en Europe et à la ruée vers les valeurs refuges, nous maintenons une position baissière pendant que le canal baissier reste intact. Des niveaux de support se succèdent à un court intervalle à 78,98 (plus bas du 1er mai), 78,67 (plus bas du 26 jan) puis 78,01 (plus haut du 28 déc 11). La longue barre observée le 17 mai a fait du bon travail, cassant les niveaux de résistance à court terme. La prochaine résistance devrait se situer à 79,60 (sommet de la tendance baissière), 80,61 (plus haut du 2 mai), 81,77/86 (correction haussière manquée), 82,56 (plus haut du 6 avril), 82,99 (plus haut du 3 avril), la résistance du niveau de déclenchement à 83,40 (plus haut du 27 mar), 84,18 (plus haut du 15 mar & objectif de prolongement), 84,51 (plus haut du 15 déc 10) puis 85,50 (niveau de Fibo de 101,00 à 75,60).

USDCHF
L’USDCHF a affiché une évolution plutôt impressionnante au cours des tout derniers jours. La paire se négocie toujours à des niveaux élevés au-dessus de la barre des 0,9500. Cette évolution suggère que l’intérêt des acheteurs de l’USDCHF reste solide, et nous pourrions voir la tendance haussière actuelle se poursuivre au cours des prochaines sessions (une clôture journalière au-dessus de 0,9599 indique un objectif de prolongement de 0,9778). La tendance générale reste haussière et les reprises feront probablement face à des vendeurs à 0,9592 (plus haut du 9 jan), 0,9602 (plus haut du 17 fév 2011) puis 0,9776 (plus haut de fév 2011). Pendant ce temps, le premier support à la baisse se situe à 0,9389(plus bas du jour & de la fourchette), 0,9336 (résistance devenue support), 0,9256 (plus haut du 16 avril), 0,9195 (plus bas des 7 & 11 mai), 0,9043 (plus bas du 2 mai), 0,9009 (plus haut du 27 fév), 0,8955 (point pivot du 11 nov 11) puis une barrière de support tenace à 0,8931 (plus bas des 24 & 29 fév).

Posté par Lea Torbey Méouchi sur Swissquote