Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Depuis le 3 janvier, les marchés récitent une partition somme toute classique, avec des accents devenus franchement wagnériens le mois dernier. Pour faire simple, le grand orchestre haussier couvre tous les sons environnants, notamment les rumeurs de ralentissement(s) économique(s), de négociations « compliquées » entre les Etats-Unis et la Chine, et de rapports toujours tendus entre Jerome Powell et Donald Trump.
A la veille de la séance des « 4 sorcières », l’orchestre a déjà entamé l’allegro et les séances de hausse s’enchaînent crescendo. On voit ainsi se dessiner une… onzième semaine positive sur une série de douze, une issue qui semble inéluctable avec un cumul de gains supérieur à 2,5% pour le S&P500 et à 3,2% sur le Nasdaq en l’espace de trois séances.
La hausse des indices occidentaux se révèle synchrone, puisque le CAC40 a franchi le cap des 5 300 points et s’est hissé à moins de 0,2% de son meilleur score de l’année, à savoir 5 315 points. Déborder cette marque semble à présent une formalité quand on connaît le pourcentage de séances positives qui précède les “4 sorcières” à l’issue d’un trimestre boursier au champagne.
En l’état actuel, le CAC40 affiche +12,1% sur cette période trimestrielle, tout comme le S&P500. Pas de jaloux ! Le Nasdaq s’est de son côté adjugé 15,2%, renouant ce faisant avec une zone de résistance testée les 16 et 17 octobre 2018.
Les « utilities » ont le vent en poupe
Cela pourrait laisser supposer que les fameux GAFAM demeurent sans rivales, mais il existe au moins un indice sectoriel qui bat à plate couture les géants de la « tech » et les semi-conducteurs : il s’agit de celui des utilities, lesquelles sont à leur plus haut depuis dix ans.
Une évolution assez surprenante pour des valeurs a priori ennuyeuses qui distribuent de l’eau, recyclent des déchets, transportent du courant électrique, vident nos poubelles et nettoient nos rues… De la « vieille économie » censée ne pas ou ne plus faire rêver… Eh bien si ! Car dans un contexte de fin de cycle haussier où chacun redevient « défensif », les utilities retrouvent un charme d’antan qui rime avec rendement.
Pour nombre d’investisseurs, la priorité actuelle est la stabilité, avec de copieux dividendes les plus déconnectés possible de la conjoncture et garantis par des contrats long terme avec des donneurs d’ordre publics.
Voilà un bel exemple d’une « gestion discrétionnaire » noyée dans un océan d’ETFs, de suivisme algorithmique et de réplication indicielle.
Sauf que tout cela n’explique plus tout à fait les performances annuelles tonitruantes des actions, sachant que les flux d’investissements sont de plus en plus aspirés vers les ETFs à Paris, Tokyo ou Wall Street, mais que le solde depuis quatre mois reste constamment négatif.
Il faut donc que l’« acheteur providentiel » se substitue à l’épargnant défaillant… et vous savez tous de qui il s’agit ! Mais les buybacks n’auront plus beaucoup de raisons d’être d’ici cinq à six semaines car une fois les dividendes versés, il ne sert plus à grand-chose de réduire le nombre de titres en circulation.
Et comme par ailleurs beaucoup de gérants et d’experts – comme mon confrère Mathieu Lebrun (si vous souhaitez lire ses analyses et prétendre à générer des gains à deux chiffres sur des trades de courte durée, cliquez ici – considèrent que l’année est déjà « faite » (+12% de plus-values, +2% de rendement à Wall Street et +3% en Europe), le « papier » commencera à brûler les doigts à l’approche des élections européennes, avec ou sans Brexit.