La série noire se poursuit pour le laboratoire pharmaceutique Teva, qui a publié la semaine passée des résultats inférieurs aux attentes, et surtout, abaissé ses prévisions annuelles.
Numéro un mondial des médicaments génériques, avec quelque 120 milliards de tablettes et capsules produites chaque année, la société anticipe désormais un chiffre d'affaires compris entre 22 et 22,3 milliards de dollars pour l’ensemble de l’année en cours, contre une fourchette allant de 22,8 à 23,2 milliards précédemment.
La direction a également revu à la baisse ses prévisions de bénéfices, tablant désormais sur un bénéfice par action compris entre 3,77 et 3,87 dollars, contre 4,3 à 4,5 dollars.
Cet avertissement sur résultats a été lancé en marge de la publication des résultats du troisième trimestre de l’entreprise, trimestre au cours duquel elle a vu son bénéfice par action croître de 17 cents en glissement annuel pour atteindre un dollar, tandis que ses revenus ont progressé un peu moins que prévu à 5,61 milliards de dollars.
Délaissée, l’action Teva a perdu près de 20% à la bourse de New York vendredi dernier, voyant sa valorisation ramenée à 11,5 milliards de dollars, en chute de 65% cette année. Le titre avait déjà fortement corrigé le 3 août dernier, après que la société ait dévoilé de très mauvais résultats trimestriels, marqués notamment d’une perte de six milliards de dollars et l’amenant à réduire son dividende.
Fitch Rating dégrade
Dans la foulée de ce profit warning, Fitch Rating a dégradé de deux crans à « BB » la note de la dette émise par Teva, reléguée par la même occasion en catégorie spéculative.
La dette du groupe pharmaceutique (de 34,1 milliards de dollars au 30 septembre dernier), provient notamment du rachat d’Actavis Generics pour 40 milliards de dollars. Un deal jugé trop coûteux et qui a eu raison en début d’année du PDG Erez Vigodman.
Pour l’agence de notation, Teva va devoir vendre des actifs ou trouver des sources de financement externes pour respecter ses échéances financières. Elle souligne que la société ne parvient pas à réduire sa dépendance au Copaxone, l’un des médicaments vedettes de Teva contre la sclérose en plaques et dont Mylan (NASDAQ:MYL) vient d'être autorisé à lancer une version générique sur le marché américain.
Carol Levenson, analyste obligataire auprès du cabinet Gimme Credit, s’étonne lui que « la direction de Teva, qui a vraisemblablement rencontré les analystes de Fitch Ratings en préambule de la dégradation, n'ait pas réussi à convaincre l'agence qu'elle prendra des mesures de désendettement plus importantes afin de préserver sa qualité de crédit.
Hausse des rendements obligataires
Dans ce contexte, les emprunts Teva restent clairement sous pression sur le marché secondaire, comme l’illustre l’évolution de ces deux obligations émises par Teva Pharmaceutical Finance Netherlands II BV, une structure du groupe pharmaceutique.
Libellée en euro, l’obligation (1,625% - 2028) a encore perdu plusieurs points et se négocie actuellement à 84% du nominal, correspondant à un rendement de 3,40%. Cette ligne obligataire, notée « BBB- » dans la catégorie «Investment grade» chez Standard & Poor’s, est disponible par coupures de 100.000 euros.
Accessible par coupures de 2.000 dollars, l’obligation (3,15% - 01/10/2026) se traite elle à 84% du nominal, correspondant à un rendement de 5,30%.