Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Vendredi, alors que le CAC40 prenait plus de 1,7%, l’action Publicis (PA:PUBP) décrochait de près de 15% pour retomber sur ses plus bas de 2012.
Les investisseurs ont vu rouge après l’annonce d’un sévère sales warning, le deuxième avertissement en moins de trois mois. La direction du géant publicitaire français table en effet sur un repli organique de 2,5% de son chiffre d’affaires au titre de l’année en cours, contre « un revenu net globalement stable en base organique » attendu auparavant.
La sanction boursière n’a donc pas tardé, le titre ayant ouvert un important trou de cotation baissier (gap) en sortie par le bas de son ancien canal descendant de moyen terme (visible en pointillés noirs ci-dessous).
Si, depuis vendredi, plusieurs brokers ont en quelque sorte suivi le mouvement par le biais d’une dégradation de leur recommandation ou d’un réajustement baissier de leur objectif de cours (Société Générale (PA:SOGN) et Macquarie ont par exemple tous deux révoqué leur conseil « acheter », prônant désormais de « conserver » la valeur, et ramené leur valorisation à respectivement 45 et 40 €, contre 67 et 60 € précédemment), d’autres ont « profité » de cet avertissement pour réanimer le vieux serpent de mer de l’aspect opéable de Publicis…
Et pour cause : comme le relevait Oddo vendredi matin, le fait que le capital du groupe soit ouvert et que sa valorisation soit devenue relativement faible sont autant d’éléments à considérer dans l’optique d’un rachat.
Une action bradée et un contexte propice
Avec un PER tombé à un peu plus de sept fois les bénéfices attendus cette année, le titre est désormais bradé. Au surplus, les objectifs de rentabilité ont quant à eux été maintenus (le taux de marge opérationnelle reste ainsi attendu à 17,3% cette année et la prévision d’une croissance du bénéfice net par action de 5% demeure également d’actualité).
Par ailleurs, l’environnement obligataire, très favorable (l’OAT est en territoire négatif), facilite d’autant plus le financement de tout éventuel prédateur.
Des précédents
Enfin, il faut se souvenir qu’un certain nombre d’opérations capitalistiques de cet ordre ont eu lieu dans des conditions comparables. C’est notamment le cas de l’acquisition de Zodiac par Safran (PA:SAF) et du rachat de Gemalto (AS:GTO) par Thales (PA:TCFP).
Zodiac et Gemalto (AS:GTO) enchaînaient alors warning et autres abaissements de prévisions. De même, Latécoère (PA:LAEP) a succombé aux sirènes du fonds américain Searchlight Capital l’été dernier au sortir d’une période de réorganisation et pas plus tard qu’hier, le fonds Thomas Bravo s’est offert Sophos avec une belle prime de près de 40% sur le dernier cours coté pour les actionnaires.
Thomas Bravo compte bien sûr tirer parti du redressement attendu de ce spécialiste britannique de la cybersécurité, qui évolue sur un segment porteur, comme l’a notamment prouvé le rachat de la branche entreprises de Symantec (NASDAQ:SYMC) par Broadcom (NASDAQ:AVGO) cet été.
Pour en revenir au cas de Publicis (PA:PUBP), MainFirst et Liberum estiment de concert que Vivendi (PA:VIV) est l’un des candidats les plus plausibles pour un rachat. Avec celui d’ Havas (PA:HAVA) il y a deux ans, les synergies ne manqueraient pas…
De son côté, dans le sillage du précédent avertissement lancé par le groupe, mon confrère Eric Lewin était revenu cet été sur le cas de Publicis (PA:PUBP), faisant preuve d’une circonspection plutôt bien sentie au regard du gadin de vendredi.
Reste à savoir s’il agit ou non du décrochage de trop. Celui qui fera bouger les lignes…