Pétrole : la Russie signifie à l’Arabie saoudite que c’est la fin des pleins pouvoirs.
La rechute du cours du baril sous les 51$ à New York jeudi est survenue au moment même où l’or noir testait l’ultime résistance annuelle, dernier obstacle sur la route des 60$ (un niveau de prix qui satisferait à peu près tout le monde et, en particulier, les producteurs de shale oil américains).
L’Arabie saoudite venait de faire savoir qu’elle pensait pouvoir rallier d’autres pays producteurs (y compris non OPEP) au concept de gel de la production, dont le débordement des 51$ semblait se jouer sur du velours, mais la Russie ne semble pas l’entendre de cette oreille.
Après avoir adhéré au principe du gel (sur des niveaux records), la tendance haussière du pétrole a prix deux torpilles par tribord avec une première déclaration d’Igor Setchine (le PDG de Rosneft) jeudi, affirmant que la Russie avait les moyens d’augmenter sa production de quatre millions de barils par jour (soit autant que ce que produisait l’Iran au quotidien, au zénith des ses capacités en 2005, contre 3 millions de barils aujourd’hui !).
La deuxième torpille tirée par Alexander Novak -le ministre russe de l’Energie- a percé la coque du « WTI » ce vendredi : « la Russie produira 548 millions de tonnes de pétrole l’an prochain, soit l’équivalent 11 millions de barils/jour, soit un nouveau record depuis l’ère soviétique.
Vous avez dit « gel de la production » ?
Mais surtout, ces 11 millions de barils jour (qui pourraient se transformer en 15 millions), selon Monsieur Setchine, feraient de la Russie le 1er producteur mondial, devant les Etats-Unis (14 à 15 M barils/jour en comptant le pétrole conventionnel et non-conventionnel) puis l’Arabie saoudite qui est désormais « au taquet ».
Le message est clair, c’est bien la Russie qui devient maîtresse du jeu, car elle est la seule à disposer de marges de manœuvre au niveau de l’offre additionnelle tandis que l’Arabie ne dispose plus que de l’alternative de la fermeture des robinets… dont elle pourrait user en dernier ressort si la Russie décidait de « se la jouer en solo » (et ce sont les producteurs américains qui ont tout à y perdre).