Les excellents chiffres publiés par les Etats-Unis hier ont encore renforcé le découplage des attentes Fed/BCE en 2015 et poussé l'EUR/USD à un nouveau point bas de deux ans avant Noël. La tendance de l'euro restera certainement négative, compte tenu des anticipations croissantes de l'annonce d'un véritable QE par la BCE dès sa réunion du 22 janvier. Une telle mesure pénalisera la monnaie unique, tandis que ses effets sur l'économie réelle restent incertains.
La Banque centrale européenne a connu une année 2014 riche en événements. Par réaction à la baisse de l'inflation et des perspectives d'inflation, elle a réduit son principal taux directeur à deux reprises, de 0.25% à 0.15% en juin, puis à 0.05% en septembre. Elle a instauré un taux de dépôt négatif (-0.10% en juin, puis -0.20% en septembre) dans l'espoir d'un transfert des liquidités vers l'économie réelle. De toutes nouvelles mesures ont en outre été mises en place pour veiller à ce que les liquidités soient réorientées vers les sociétés non financières. La BCE a annoncé vouloir porter son bilan aux niveaux 2012, une expansion de 1000 milliards d'euros programmée sur les deux ans à venir. Les LTRO ciblés ont été annoncés avec enthousiasme en juin, conjointement avec la première réduction des taux.
Les marchés n'ont pas partagé l'optimisme de l'institutionsur le programme de financement bon marché à long terme. Alors que la banque centrale était prête à prêter 400 milliards d'euros via les deux tranches de TLTRO en septembre et décembre, le total des emprunts s'est élevé à seulement 212.44 milliards (82.6 milliards en septembre, 129.84 milliards en décembre), à peine plus de 50% de l'objectif de la BCE. Cette dernière avait vu trop grand.
Après la déception de la première phase de TLTRO, la BCE a décidé de stimuler son expansion par le biais de rachats de dettes privés lors de sa réunion de septembre, parallèlement à son deuxième abaissement des taux. Elle s'est engagée à acheter des obligations sécurisées et des titres adossés à des actifs pour compenser le manque d'intérêt des marchés pour ses prêts ciblés. Elle a ainsi acquis 28.5 milliards d'obligations sécurisées à partir d'octobre, et 1.49 milliards d'ABS à partir de novembre. Les rachats de dettes privées n'ont pas dissuadé les marchés d'espérer un QE de type Fed, à savoir des rachats de dettes souveraines. La corrélation entre l'EUR/USD et le spread core-périphérie a franchi les 50% depuis septembre. Autrement dit, dès que la BCE a annoncé des rachats de dettes privées, les traders ont anticipé l'élargissement du programme aux obligations d'Etat. Les marchés intègrent à présent l'adoption du QE lors de la réunion du 22 janvier de la BCE.
Les attentes de nouvelles mesures de stimulation monétaire alimentent un sentiment négatif sur l'euro, qui entamera probablement la nouvelle année sur une note morose. Nous ne pensons pas toutefois qu'un programme de rachat de dettes souveraines similaire à celui de la Fed aidera la zone euro à éviter la récession et la déflation. En premier lieu, la Fed a lancé son QE à une époque où les prix des actifs étaient extrêmement affaiblis. Son action a non seulement permis la reprise des marchés financiers, mais elle s'est également révélée profitable pour la Fed elle-même. La BCE s'apprête à acquérir des dettes souveraines déjà surévaluées (!). Les rendements italiens, espagnols et français à 10 ans se situent à des plus bas historiques. Jusqu'où la BCE peut-elle faire baisser les rendements des économies périphériques de la zone euro ? En second lieu, la BCE n'empêchera pas la déflation en 2015, tout simplement parce que la glissade des prix du pétrole garantit pratiquement la baisse des prix à la consommation au cours des prochains mois, du moins tant que la lutte des producteurs d'or noir pour des parts de marché se poursuivra. En troisième lieu, le financement souverain ravivera probablement les tensions politiques entre pays core et périphériques, puisqu'il n'est pas du ressort de la BCE de soutenir la solvabilité des membres les plus endettés de la zone euro. L'intervention de la banque centrale ne pourra qu'accroître la crispation de l'Allemagne, car cette poussée artificielle ne résoudra pas la profonde crise de la dette au cœur de la zone euro.
En conclusion, il reste de nombreuses questions sans réponse à l'aube de l'année 2015. Seul le temps nous apportera des réponses.
EURUSD La paire EUR/USD a poursuivi sa chute à 1,2165 et le rebond qui en a résulté semble faible. Des résistances pour un rebond temporaire peuvent se situer à 1,2273 (plus haut de l'ancienne reprise du 20/12/2014), 1,2375 (ancien support) et à 1,2423 (plus haut du 19/12/2014, voir aussi le retracement à 50%). À long terme, l'EUR/USD suit une tendance baissière depuis mai 2014. La cassure de la zone de support solide comprise entre 1,2755 (plus bas du 09/07/2013) et la barre des 1,2662 (plus bas du 13/11/2012) appelle à une chute vers le support solide des 1,2043 (plus bas du 24/07/2012). En conséquence, le récent plus bas touché à 1,2247 devrait être cassé en fin de compte. Une résistance clé se trouve à 1,2600 (plus haut du 19/11/2014).
GBPUSD La paire GBP/USD est passée au-dessous ddu support des 1,5542 à 1,5486. D'autres évolutions sans tendance à court terme sont favorisées pendant les jours de congé avant un autre test de la tendance baissière. Une résistance horaire se trouve à 1,5610 (plus haut de la réaction du 23/12/2014), alors qu'une zone de résistance clé se situe entre 1,5786 et 1,5826. La structure technique à long terme sera négative aussi longtemps que les prix resteront au-dessous de la résistance clé des 1,5945 (plus haut du 11/11/2014). Un risque de baisse conservateur est assuré par un test du support des 1,5423 (plus bas du 14/08/2013). La paire peut rencontrer un autre support à 1,5102 (plus bas du 02/08/2013).
USDJPY La paire USD/JPY est passée à un mode d'évolution sans tendance autour de la poignée des 120 après avoir affiché un léger rebond hier. La résistance à court terme se trouve à 120,85 et à 121,85. Un support se situe à 118,26 (plus bas du 18/12/2014), alors que la paire peut rencontrer un support clé à 115,46. À long terme, un biais haussier sera favorisé aussi longtemps que le support clé des 110,09 (plus haut du 01/10/2014) tiendra bon. Des supports clés pour contrôler une consolidation à moyen terme se situent à 115,46 (plus bas du 17/11/2014) et 113,17 (plus bas du 04/11/2014). Actuellement, aucun signe ne suggère la fin de la tendance haussière à long terme.
USDCHF La paire USD/CHF consolide au-dessous de la zone de résistance mineure définie par la barre des 0,9890. Des supports à court terme se trouvent à 0,9805 (plus bas du 23/12/2014) et à 0,9722. Dans une perspective de plus long terme, la structure technique favorise un repli total de la grande phase de correction commencée en juillet 2012. En conséquence, la paire devrait s'attaquer à la zone de résistance majeure comprise entre 0,9972 (plus haut du 24/07/2012) et 1,0067 (plus haut du 01/12/2010). La paire peut rencontrer un support à 0,9531 (plus bas du 19/11/2014).