Les sanctions à l’encontre de la Russie continuent d’empoisonner la vie de Raiffeisen (VIE:RBIV) Bank International (RBI), mais également celle de ses créanciers obligataires.
L’institution financière autrichienne est désormais soupçonnée d’avoir participé au placement d’un emprunt obligataire d’une entreprise russe sous le coup de l’embargo américain et européen. L’information a provoqué un net repli des emprunts RBI.
Pour exemple, l’obligation subordonnée d’une maturité égale au 27 avril 2023 est désormais disponible à 100,25% du nominal. Les prix évoluaient autour de 102% du nominal début décembre. Le coupon est de 5,875% jusqu’au 27 avril 2018, date du prochain « call ». L’émetteur dispose alors de la faculté de rembourser son emprunt par anticipation. S’il ne le fait pas, le coupon devient variable et correspond au taux midswap à 5 ans augmenté de 4,84%. La coupure de négociation est de 1.000 euros pour une taille émise de 290 millions.
Les sanctions imposées à la Russie par l’Union européenne et les États-Unis, qui accusent Moscou de soutenir les rebelles prorusses dans l’est de l’Ukraine, interdisent aux banques de prêter à long terme aux institutions financières russes, de les aider dans le placement de dette à long terme ou la vente d’actions. Mais ces restrictions n’empêchent pas les filiales locales, comme ZAO Raiffeisenbank, filiale moscovite de Raiffeisen Bank International, de participer à pareille opération.
Or ZAO Raiffeisenbank était l’un des trois conseillers qui se sont occupés le mois dernier de la vente de 10 milliards de roubles (183 millions de dollars) d’obligations par Vnesheconombank (VEB), l’une des cinq banques russes figurant sur la « black liste » des Occidentaux. Les autorités américaines et européennes tentent de déterminer si la transaction a été gérée par la seule filiale, ou pas. En d’autres termes, la question est de savoir si la maison-mère était au courant.
La Russie est un marché stratégique pour la banque autrichienne qui s’est spécialisée dans les marchés émergents d’Europe. Mais les sanctions imposées à la Russie et la dévaluation du rouble ont pesé sur les résultats de l’institution financière autrichienne, laquelle doit également faire face à une nouvelle loi en Hongrie. Celle-ci oblige les banques à indemniser les clients, si les autorités considèrent qu'elles imposent des conditions injustes en matière de prêts.