Intéressons-nous cette semaine à Tesla, le premier constructeur automobile américain sur base de la capitalisation boursière, spécialisé dans la construction de voitures électriques sportives et de luxe.
Fondée en 2003, la compagnie, qui porte le nom du scientifique Nikola Tesla, un inventeur et ingénieur d’origine serbe spécialisé dans le domaine de l’électricité, s’est diversifiée au fil du temps dans les solutions de stockage d'énergie sous forme de batteries non transportables (le powerwall, pour le secteur résidentiel et powerpack pour le secteur industriel). En 2016, elle a ajouté à sa gamme de produits les panneaux et tuiles photovoltaïques, avec le rachat de SolarCity.
Mais l’entreprise californienne est surtout connue à travers la berline Tesla « S » (son modèle phare) et dans une moindre mesure la Tesla « X », un SUV. Ces deux véhicules, exclusivement électriques, sont positionnés dans le haut de gamme.
Ils ont permis à l’entreprise de réaliser un chiffre d’affaires de 7 milliards de dollars l’année dernière. Le groupe dirigé par Elon Musk reste toutefois largement déficitaire puisque la perte a été de 675 millions de dollars, à l’issue d’un exercice consacré à préparer activement le lancement de la production à grande échelle de son modèle de milieu de gamme, plus abordable, la Model 3, dont le prix démarre à 35.000 dollars (+/- 30.000 euros). Tesla, qui a produit 84.000 voitures en 2016, vise 500.000 véhicules en 2018 et un million en 2020.
Le pari de la « Model 3 »
La mise en production du Model 3 a grevé le poste « dépenses en capital » du deuxième trimestre de cette année, qui a plus que triplé par rapport à la même période un an plus tôt, pour s'afficher à 959 millions de dollars. Le chiffre d'affaires s'est pour sa part élevé à 2,79 milliards de dollars sur le deuxième trimestre de l'année, en nette progression en comparaison à celui de 2017 qui s'était affiché à 1,27 millards de dollars. Le constructeur américain continue par ailleurs d’enregistrer des pertes, à hauteur de 336 millions sur le dernier trimestre (293 millions un an plus tôt).
Cependant et même si Tesla peine à dégager des bénéfices, que le pari des livraisons à grande échelle de la Model 3 reste à confirmer et que de nombreux modèles tout électrique sont annoncés par les constructeurs traditionnels dans un proche avenir, les investisseurs semblent croire en l’avenir de l’entreprise si l’on se base sur l’évolution de l’action.
Entrée à Wall Street le 29 juin 2010, à un prix de 17 dollars, l’action vaut actuellement un peu plus de 347 dollars, soit une progression de 1.941% depuis l’IPO, ce qui porte sa capitalisation boursière à un niveau proche de 59 milliards.
En matière de prévisions, neuf analystes répertoriés par l'agence Bloomberg considèrent qu'il faut acheter l'action, dix pensent qu'il faut la garder et six recommandent de vendre. Ensemble, ils anticipent un cours médian de 329,59 dollars pour l’action d’ici 12 mois, soit une baisse de l'ordre de 5% par rapport au cours actuel.
Prudence des créanciers obligataires
Sur le marché obligataire, la situation est plus nuancée. Si Tesla n’a guère rencontré de difficultés à lever 1,8 milliard de dollars à maturité 15 août 2025 et au coupon de 5,30%, l’évolution des prix sur le marché secondaire, passée sous son prix d’émission, témoigne d’une certaine prudence des investisseurs.
Libellée par coupures de 2.000 dollars, l’obligation, émise au pair, peut être achetée à 99% du nominal correspondant à un rendement 5,46%.
Précisons que Standard & Poor's range la dette du constructeur de voitures électriques dans la catégorie hautement spéculative, avec une note « B- », qu’elle affuble d’une perspective négative. L’agence, qui souligne le haut niveau d’endettement du constructeur, avertit qu’elle pourrait abaisser le rating de Tesla si ses problèmes d'exécution liés au lancement de la Model 3 ou si l'expansion continue des modèles S et X entraînaient des dépassements de coûts importants.
Au-delà des incertitudes opérationnelles, l’obligation reste aussi particulièrement exposée à un changement d’opinion des investisseurs sur le segment de la dette high yield, dont le niveau de valorisation atteint par cette classe d’actifs, interpelle certains observateurs.