Après Moody’s, Standard & Poor’s relègue à son tour Noble Group dans la catégorie spéculative
En raison des problèmes de liquidités de l’entreprise, Standard & Poor’s a relégué dans la catégorie spéculative la notation de la dette émise par Noble Groupe. La perspective reste négative.
Fondée au milieu des années 80 par l’homme d’affaires britannique Richard Elman, Noble Group est l’un des plus gros négociants asiatiques de matières premières. Il est basé à Hongkong et coté à Singapour.
S’inquiétant des capacités de l'entreprise à faire face à ses échéances financières, Standard & Poor’s vient donc de dégrader d’un cran à "BB+" sa notation, la reléguant au passage dans la catégorie spéculative.
L’agence précise que le niveau des liquidités de l’entreprise est en-dessous de ses attentes, en dépit de la vente au mois de décembre de sa division agro-alimentaire (Noble Agri) pour 750 millions de dollars au conglomérat chinois Cofco.
Accablé par une dette supérieure à trois milliards de dollars, Noble Group a indiqué que l’ensemble du produit de cette transaction serait utilisé pour « renforcer sa liquidité et rembourser sa dette ». Standard & Poor’s avait tenu à souligner que la vente de Noble Agri modifiait la composition des métiers de l’entreprise et limiatait quelque peu la diversité de ses activités et sa situation concurrentielle.
L'agence redoute en outre qu'une augmentation de capital ne soit compliquée dans le contexte actuel des matières premières. La notation est maintenue sous-surveillance négative, ce qui signifie qu’un nouvel abaissement n’est pas à exclure.
En agissant de la sorte, l’agence s’aligne donc sur la décision de Moody’s qui, elle aussi, a dégradé dernièrement la note de Noble Groupe dans la catégorie spéculative. Lire notre article du 31 décembre pour plus d’informations.
Sous pression depuis février
Si Noble Group est durement impacté par l'effondrement des matières premières, lui empêchant de trouver les liquidités nécessaire à la réduction de son endettement, il subit également une attaque en règle sur sa gestion et sa situation financière périlleuse, rappelle Standard & Poor's.
Noble Group est en effet scruté de près par les investisseurs, depuis les accusations de malversations comptables lancées par le blogueur (anonyme) Iceberg Research et le fonds spécialisé dans les ventes à découvert Muddy Waters LLC.
Iceberg Research accuse le plus grand négociant de matières premières d’Asie de gonfler artificiellement la valeur de ses actifs. « Noble Group est le prochain Enron » martèle Iceberg Research, en allusion à l’entreprise gazière américaine devenue célèbre pour sa gigantesque escroquerie.
A plusieurs reprises, Noble Group a nié ces allégations et a publié au mois d’août un rapport rédigé par le cabinet d’audit PWC, dans le but restaurer sa crédibilité.
Les rendements obligataires s'envolent
Sur le marché secondaire, le rendement annuel de l'obligation Noble Group (6,75% - 2020) dépasse désormais le seuil des 25%, sur base d'un cours de 55% du nominal. La coupure de négociation est fixée à 100.000 dollars pour une taille émise de 1,25 milliard.