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Sérieux passage à vide dans la zone euro

Publié le 27/11/2018 12:42

Le temps se gâte. Lors du troisième trimestre 2018, la croissance de la zone euro n’a été que de 0,2% et ses trois plus grandes économies ont traversé un trou d’air. Du coup, les prévisions pour 2019 sont revues à la baisse.

La croissance de l’Allemagne a subi un coup d’arrêt brutal au troisième trimestre 2018. Elle a accusé un recul de 0,2% du PIB après avoir progressé de 0,5% et 0,4% lors des deux premiers trimestres 2018. D’après l’Office de la statistique “La croissance a été ralentie par la baisse des exportations automobiles”. Elle a toutefois été soutenue par la consommation intérieure.

La France a fait mieux avec 0,4% de croissance après deux trimestres médiocres (0,2%) tandis que l’Italie a fait du surplace. A la suite de quoi, les prévisions de croissance en zone euro ont été abaissées conjointement par la BCE, le FMI et l’OCDE. Elles ne seront plus que de 2% en 2018 et 1,8% en 2019. Et il n’est pas du tout sûr que ces objectifs puissent être tenus car le dernier indice PMI des directeurs d’achats du secteur manufacturier et des services est en recul tant en Allemagne qu’en France. Ce qui présage d’ores et déjà un quatrième trimestre anémique.

Croissance américaine: ça décélère!

Par ailleurs, l’économie américaine, qui jouait jusqu’ici le rôle de locomotive de la croissance, est également en train de ralentir. Les retombées de la baisse d’impôts décidée par l’administration Trump commencent tout doucement à s’estomper. Après avoir probablement connu sa meilleure année depuis 2005, avec un 2ème trimestre caracolant à 4,2%, l’année 2019 s’annonce moins florissante pour l’économie américaine. La banque Goldman Sachs (NYSE:GS) prévoit 2,5%, 2,2%, 1,8%, et 1,6% pour les quatre trimestres 2019. La baisse du marché immobilier depuis quelques mois indique également qu’un pic a été atteint. On parle même d’une récession possible à l’horizon du second semestre 2020.

Le boom américain a été dû pour l’essentiel à l’énorme bond de la consommation intérieure dopée par la baisse des impôts. En effet, les achats des ménages ont contribué pour 2/3 au chiffre de la croissance. De leur côté, les entreprises ont dépensé la manne fiscale en effectuant des rachats d’actifs et en versant des dividendes à leurs actionnaires. En revanche, les investissements productifs (qui sont la garantie d’une croissance future) n’ont pas augmenté autant qu’ils l’auraient dû. Il ont même stagné lors de ce troisième trimestre. Les chefs d’entreprise ont probablement estimé que tant que la machine tournait à plein régime, ils pouvaient s’abstenir d’investir.

Un autre gros nuage qui se profile à l’horizon est, bien sûr, celui des taux d’intérêts. La FED envisage une augmentation de 0,25% en décembre suivie de quatre hausses de 0,25% en 2019, ce qui porterait le taux directeur dans une fourchette allant de 3,25-3,50% à la fin 2019. Cette politique de la FED, très critiquée par Trump, a pour but d’éviter à la fois une surchauffe de l’économie et une reprise de l’inflation. Certains estiment que le patron de la FED Jerome Powell en fait trop et que ces hausses à répétition finiront par couper les ailes de l’économie américaine. Ils espèrent qu’en cas de ralentissement de la conjoncture globale, la FED pourrait renoncer en partie à ces hausses.

Si on se tourne vers l’Extrême-Orient, on constate que le Japon est également en petite forme. Son PIB a reculé de 0,3% au troisième trimestre après en avoir fait autant au premier trimestre et gagné 0,8% au deuxième. Reste la Chine dont le taux de croissance n’atteindra sans doute pas les 6,5% escomptés, suite à la guerre tarifaire et aux restrictions de crédit des banques chinoises; enfin l’Inde, dont l’économie fait décidément preuve d’un grand dynamisme.

Etats-Unis-Chine: pas de répit à attendre

2019 sera donc une année en demi-teinte. Ces dernières semaines, les marchés boursiers ont anticipé ce retournement en s’orientant à la baisse. Les causes du ralentissement global sont nombreuses. Parmi les “usual suspects”, il est certain que la guerre tarifaire entre les Etats-Unis et la Chine ainsi que la montée du protectionnisme américain contribuent à la dégradation du climat. Les marchés détestent l’incertitude et la présence d’un personnage aussi imprévisible que Donald Trump à la tête du pays le plus puissant du monde est un facteur de déstabilisation.

Trump doit rencontrer Xi Jinping le 1er décembre à l’occasion du sommet du G20 à Buenos Aires mais les propos agressifs du vice-président Mike Pence au dernier sommet de l’Apec ne présagent pas une issue favorable au contentieux américano-chinois. «Nous avons imposé des taxes sur 250 milliards de dollars de biens chinois et ce chiffre pourrait encore plus que doubler» a-t-il menacé. Dans la foulée, il a sous-entendu que les pays qui bénéficient de l’aide chinoise en matière d’infrastructures devraient se méfier: “Nous ne noyons pas nos partenaires dans une mer de dettes. Nous ne contraignons pas, nous ne corrompons pas, nous ne compromettons pas votre indépendance”. A quoi Xi Jinping a répondu dans une ambiance digne de la guerre froide: "Les tentatives d'ériger des barrières et de briser les relations économiques étroites sont contraires aux lois économiques et au sens de l'histoire. C'est une approche à court terme qui est vouée à l'échec".

Un rapport récent du Bureau du représentant américain au commerce rappelle que la Chine n’a pas modifié ses pratiques déloyales (transferts forcés de technologie, vol de propriété intellectuelle, cyber-espionnage, intrusions au sein des réseaux télécoms américains) et les aurait même intensifiées ces derniers mois. La publication de ce rapport à quelques jours de la rencontre Trump-Xi n’est certainement pas le fruit du hasard.

Dans ces conditions, il est peu probable que Robert Lighthizer, le peu accommodant représentant au Commerce des Etats-Unis et sa contrepartie chinoise trouvent un compromis. Pour la banque Morgan Stanley (NYSE:MS), il faudra s’attendre à de nouvelles hausses des droits de douane avant qu’un accord soit signé. La banque Goldman Sachs est moins pessimiste et envisage une pause dans la surenchère tarifaire afin de permettre la poursuite des négociations.

Brexit, Italie, commerce extérieur: l’Europe dans la tourmente

L’Europe, et plus particulièrement les exportations automobiles vers les Etats-Unis, sont également dans le collimateur de Trump. En juillet dernier, Trump et Jean-Claude Juncker avaient signé un armistice en trompe-l’oeil mais il y a fort à parier que le contentieux reviendra à l’ordre du jour. Ce ne serait pas de bon augure pour une Europe qui traverse des moments difficiles.

Ce dimanche, l’UE et le Royaume-Uni sont enfin tombés d’accord sur le Brexit. Après des mois de marchandage, c’est plutôt une bonne nouvelle. Il restera cependant à franchir un obstacle de taille, celui du vote du Parlement britannique. Au dernier décompte, Theresa May aurait besoin de l’apport de 80 députés travaillistes pour compenser les défections de son propre camp. La peur du chaos semble être le principal argument en sa faveur car il n’est pas du tout certain qu’en cas de rejet de l’accord par le Parlement, l’UE soit disposée revenir à la table des négociations. Pour beaucoup d’Européens, le cirque a assez duré.

Une autre redoutable incertitude concerne l’Italie, le maillon faible de la zone euro. Après avoir rejeté le budget italien (qui prévoit un déficit de 2,4%), la Commission européenne a entamé une procédure de sanction. En principe, l’Italie pourrait se voir infliger une amende équivalente à 0,2% de son PIB.

Le désaccord entre l’UE et l’Italie a donné lieu à une nouvelle passe d’armes entre Pierre Moscovici, le commissaire aux Affaires économiques et Matteo Salvini, le bouillant leader du parti d’extrême-droite La Ligue. Salvini y est allé d’une remarque acerbe: “La lettre de l’UE est arrivée? J’attends aussi celle du Père Noël”. A quoi Moscovici a répliqué “On travaille dans le cadre des règles. Ca ne peut pas être une discussion de marchands de tapis”. Il n’en fallait pas plus pour Salvini réagisse à sa façon: “Le peuple italien n'est pas un peuple de marchands de tapis ou de mendiants. Moscovici continue à insulter l'Italie, mais son salaire est payé aussi par les Italiens”. Ambiance!

Samedi, les adultes dans la pièce, c’est-à-dire le chef du gouvernement Giuseppe Conte et son ministre des finances Giovnani Tria, ont rencontré Jean-Claude Juncker afin de désamorcer la crise. Les Italiens seront peut-être obligés de modérer leurs prétentions car cette semaine, l’adjudication d’obligations d’Etat BTP Italia a été boudée par les particuliers et par les institutionnels, alors que ces obligations étaient indexées sur l’inflation. La prime généreuse offerte n’a pas suffi à convaincre les investisseurs. C’est un mauvais présage pour un gouvernement qui a l’intention d’augmenter les dépenses publiques mais qui ne bénéficiera plus du programme de rachats d’actifs de la BCE. Il lui faudra bien trouver l’argent quelque part!

Stratégie défensive

Récapitulons. La croissance globale va subir un ralentissement en 2019. L’économie américaine, provisoirement dopée par la baisse des impôts, retrouvera un rythme de croissance plutôt moyen. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine est loin d’être terminée et l’Europe est également dans le rétroviseur. Les économies des principaux pays de l’Eurozone ainsi que celle du Japon stagnent. Anticipant ce changement de climat, les marchés financiers sont partis à la baisse. Même les GAFA accusent un repli de plus de 20%. Dans ce contexte moins favorable, une stratégie défensive semble la plus raisonnable.

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