Comment le baril de pétrole a-t-il pu s’envoler de +4% la veille sur une simple rumeur et ne reperdre que 1% alors que les stocks de pétrole hebdomadaires US (compilés par l’API dont les données sont très fiables) ont bondi de 6,2 Mns de barils au lieu de +1,5 Mns attendus ?
Si vous ne comprenez rien à l’évolution du pétrole…
… le marché vous le redit : n’essayez pas !
Petit rappel du scénario de mardi : les marchés se morfondent, le FMI révise à la baisse ses prévisions de croissance, et là, petit miracle, voilà le pétrole qui se met grimper de plus en plus fort.
Les opérateurs réagissent aux rumeurs d’accord sur un plafonnement de la production saoudienne et russe. Sauf que la source est anonyme et que l’info (qui n’en est donc pas vraiment une) transite via Interfax (une agence de presse russe « privée ») et n’est recoupée par aucune autre agence.
Soyons clairs : il s’agissait d’un prétexte pour orchestrer une hausse du pétrole qui arrange tous les producteurs et qui a également débloqué la situation à Wall Street.
Le pétrole bénéficie très probablement d’un « soutien » très bien orchestré, car il ne tressaille même pas alors que l’OPEP vient de réviser ce matin même à la baisse ses prévisions concernant la demande mondiale de pétrole brut en 2016.
L’OPEP table sur une réduction de 50 000 barils par jour, à 31,46 Mns de barils par jour (bpj) au lieu de 31,52 Mns estimés précédemment.
Alors que l’Arabie saoudite est au taquet (au maximum de ses capacités avec 10,22 Mns de bpj), l’OPEP a néanmoins extrait +15 000 barils par jour (à 32,25 Mns de bpj) en mars: la différence provient de la montée en puissance de l’Iran… et elle n’en est qu’à ses débuts.
Ceci entérine une offre excédentaire de +790 000 bpj de la part de l’OPEP contre +760 000 estimé en février.
Si la production ne se contracte pas fortement aux Etats-Unis d’ici fin 2016, les excédents de production pourraient bien dépasser 2,6 Mns de bpj d’ici la fin de l’année.
Peut-on vraiment se convaincre que l’envol de pétrole ces dernières 48 heures à un lien quelconque avec les « fondamentaux » (les donnée chinoises sont tombées ce matin et n’ont eu curieusement aucun impact) ou la réunion de Doha du weekend ?
Ne s’agissait-il pas d’abord de « mazouter » les vendeurs à découvert ?