En marge de la chute des produits pétroliers ces dernières semaines, les investisseurs ont revu à la hausse leur prétention de rendement pour se positionner à l’achat sur la dette émise par le géant mexicain du pétrole.
Plombé par les craintes d’un ralentissement de l’économie mondiale, le baril de brut coté à New York a fondu de 40% depuis son plus haut de 76 dollars touché à la mi-octobre.
Une baisse des cours de l’or noir qui n’est pas sans conséquence pour certains acteurs du secteur, singulièrement ceux présentant un profil élevé d’endettement.
C’est le cas de la société pétrolière et gazière PEMEX, détenue à 100% par l’Etat mexicain, dont les rendements obligataires ont progressé.
Parmi d’autres, son emprunt en euro, remboursable en 2022, a vu son cours décrocher dernièrement sous les 95% du nominal, portant son rendement annuel à près de 4%.
On rappellera que Petroleos Mexicanos est l'une des sociétés pétrolières les plus endettées à l’échelle du globe, essentiellement en devises fortes, dollar en tête, pour un total dépassant les cent milliards.
C’est nettement plus que ses comparses Petrobras (SA:PETR4) et Petroleos de Venezuela, ainsi que des sociétés pétrolières mondiales telles que Royal Dutch Shell (AS:RDSa) et Exxon Mobil (NYSE:XOM).
Selon Bloomberg Intelligence, les obligations Pemex afficheraient aujourd’hui les spreads (l’écart de rendement par rapport aux taux sans risque) les plus importants parmi les entreprises du secteur pétrolier classées dans la catégorie « Investment Grade ».
« Il semblerait que les investisseurs s’inquiètent de la capacité de l’entreprise à diminuer son endettement dans un contexte de prix sous pression, tandis que l’agence Moody’s pourrait reléguer en catégorie spéculative la note de la dette du pétrolier », explique Bloomberg.
Actuellement, Moody's accorde un rating « Baa3 » aux obligations senior non-sécurisées du pétrolier, soit le dernier cran de la catégorie des placements jugés de qualité solide par l’agence de notation.
Soulignons que Standard & Poor's attribue pour sa part une note « BBB+ » aux emprunts Petroleos Mexicanos.
« La récente baisse des prix du pétrole brut rend plus difficile la réduction de l'endettement », soulignent les analystes de crédit de Bloomberg, lesquels redoutent « qu’un redressement des prix susceptible d’augmenter les rentrées de fonds ne se voit considérablement atténué par le fardeau fiscal que le gouvernement mexicain impose à la société.
Vainqueur du scrutin présidentiel mexicain avec 53% des voix l’an dernier, le candidat du parti de gauche Manuel Lopez Obrador, Amlo comme ses partisans le surnomme, a mené sa campagne en promettant notamment le gel des prix de l’essence.