La forte hausse des rendements souverains italiens de ces derniers jours va-t-elle se transformer en crise majeure? Bien malin qui pourra répondre à cette question, mais les investisseurs ont identifié plusieurs indicateurs à surveiller de près.
4%, le point de bascule
Désormais aux alentours de 3,5%, après la forte hausse de ces derniers jours, les investisseurs se demandent jusqu’où ira le rendement de la dette italienne à 10 ans. Pour Harvinder Sian, stratégiste chez Citi, le seuil de 4% peut être considéré comme "le point de bascule", à partir duquel le stress sur la dette italienne peut s’accélérer et se propager à la zone euro, a-t-il déclaré au Financial Times. Ce niveau peut être atteint si la Commission européenne ou l’Allemagne réagit de manière agressive au budget italien, estime Sian. Mais il faudrait aussi des signes de récession économique et des frictions bien plus élevées qu’actuellement entre l’Italie et l’Allemagne, tempère le stratégiste.
Contagion ou pas aux autres pays de la zone euro?
Jusqu’à présent, les tensions sur les taux d’emprunt italiens ne se sont pas propagées aux autres pays européens. C’est un signe jugé rassurant car il laisse penser que le marché considère le problème italien comme essentiellement domestique avec peu de répercussions pour l’Europe.
Le spread Italie – Allemagne
L’écart de rendement entre les obligations italiennes et allemandes à 10 ans (spread) est aussi scruté de près. Il mesure le niveau de confiance des investisseurs dans l’économie italienne. Plus l’Italie sera considérée à risque, plus le différentiel de rendement aura tendance à s’élargir avec l’Allemagne, dont la dette est assimilée à un actif sans risque.
Le secteur bancaire italien
L’élargissement de spread Italie - Allemagne n’est pas sans conséquences pour les banques de la péninsule, qui détiennent environ 10% de l’encours de la dette émise par Rome. Selon le Financial Times, la zone de danger se situe autour des 400 points de base et au-delà. A partir de ce niveau, les banques verraient leur bilan et leurs ratios financiers suffisamment dégradés, pour être forcées à procéder à des augmentations de capital. Or les actions des banques italiennes ont déjà fortement baissé ces derniers jours, ce qui leur compliquerait la tâche en cas de levée de fonds…
La croissance économique
Le dossier italien dépend aussi de l'évolution de la croissance économique. C’est elle qui facilitera ou pas la tâche du gouvernement dans la mise en œuvre de ses réformes et lui permettra de contenir son déficit et le ratio dette/PIB. Ce dernier tourne autour de 132% du PIB, le plus élevé de l’Union européenne après la Grèce.