Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Sur le marché obligataire, actuellement, des tensions s’exercent et elles sont bien visibles. L’heure est à la remontée des taux longs, en Europe comme aux Etats-Unis. Où en sommes-nous ? Le 10 ans allemand, sous les 0,40% il y a un mois à peine, a dépassé les 0,70%. Le 10 ans américain, pour sa part, évolue au-dessus des 2,70% (un plus-haut de 4 ans !).
La normalisation monétaire échauffe le marché obligataire
Le principal élément d’explication provient, bien évidemment, de la politique monétaire des grandes banques centrales. La tendance est à la normalisation. On le sait. Du côté de la Fed d’abord, qui a enclenché son cycle de relèvements progressifs des taux en 2015, le 16 décembre plus précisément. Pour 2018, on s’attend à trois nouveaux tours de vis. La Banque d’Angleterre et la Banque populaire de Chine sont également intervenues dans ce sens. Et, en ce qui la concerne, la BCE en est à la réduction de son programme de rachats d’actifs. Même la Banque du Japon évoque la fin prochaine de ses rachats d’actifs…
Aux Etats-Unis, les taux s’échauffent également parce que la dernière réforme fiscale de Donald Trump ne manquera pas de creuser plus encore dans le déficit budgétaire. Et, pour le financer, il en coûtera toujours plus… Sur le Vieux Continent, la hausse des taux est alimentée par la vigueur de la croissance économique et de ses perspectives.
La croissance est-elle si solide ?
Je l’ai déjà dit, mais je le répète volontiers, les marchés profitent depuis bien trop longtemps des largesses monétaires des banques centrales. Aujourd’hui alors que les économies renouent avec la croissance, l’usage de la planche à billets se fait moins pertinent – d’où cette tendance quasi-généralisée à la normalisation monétaire. Ceci dit, cette croissance est certes vigoureuse mais est-elle bien réelle ?
Pour mon collègue Jim Rickards, elle serait surtout artificielle :
« Cette croissance est surtout superficielle. Une réaction tardive à un assouplissement monétaire passé. On sait bien que la politique monétaire fonctionne avec un décalage de 1 à 2 ans. Nous ne ressentons pas encore l’effet des relèvements de taux de la Fed qui ont commencé il y a tout juste 2 ans… »
De plus, retirer leur dose d’argent gratuit à des marchés devenus junkies constitue une vraie problématique. Attention à l’état de manque. Et, de ce point de vue nous n’avons pour l’heure aucune visibilité… si ce n’est ce début de tensions sur l’obligataire.