Confronté à la « faiblesse historique des prix du sucre européens », suite à la libéralisation du marché, le groupe Tereos a annoncé qu’il ne serait pas en mesure d’atteindre un résultat net positif pour son exercice 2018/2019.
Groupe coopératif, Tereos rassemble 12.000 agriculteurs et dispose d’un savoir-faire dans la transformation de la betterave, de la canne et des céréales. Grâce à 49 sites industriels, une implantation dans 17 pays et 25.000 collaborateurs, Tereos a réalisé en 2017/2018 (son dernier exerice fiscal) un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros.
« Pour l’exercice 2018/2019, la faiblesse des prix du sucre européens impactera significativement les résultats, à l’instar des autres grands acteurs de l’industrie sucrière européenne. Cette situation ne nous permettra pas d’atteindre un résultat net positif », indique en substance le communiqué.
Cet avertissement sur résultats a été très mal reçu par les créanciers obligataires, tandis que la grave crise de gouvernance qui touche la coopérative sucrière semble insoluble. Ces conflits internes pourraient même rendre plus difficile la mise en œuvre du plan de redressement stratégique (Ambitions 2022) souhaité par la direction, lequel passe par une éventuelle ouverture du capital, à un horizon de deux ou trois ans, afin de permettre à l’entreprise de gérer les bas de cycle de l’activité sucrière. 48 heures auparavant, la société avait annoncé le remboursement anticipé d’une partie de l’obligation à maturité mars 2020.
Dans l’immédiat, Tereos a obtenu un financement auprès d’un consortium bancaire (BNP Paribas (PA:BNPP), Natixis (PA:CNAT) et Rabobank) pour lui permettre de rembourser, avec un an d’avance, la moitié de son emprunt obligataire à maturité mars 2020, soit 250 millions d’euros en principal, au pair. Les conditions de cet emprunt bancaire n’ont pas été communiquées.
Le deuxième groupe sucrier mondial a ajouté qu’il « maintenait une solide sécurité financière, de l’ordre d’un milliard d’euros au 31 décembre 2018, dont une ligne de financement du groupe de 225 millions d’euros, non tirée ».
Insuffisant visiblement pour éclipser aux yeux des investisseurs les nombreuses incertitudes et défis auxquels est confronté Tereos, d’autant que ses ratios financiers se sont nettement dégradés, sous le coup des mauvais résultats opérationnels.
Par exemple, le ratio dette nette/Excédent brut d’exploitation ajusté (Ebitda ajusté) était de 8 fois au 31 décembre 2018, doublé par rapport au 4,1 affiché le 31 décembre 2017. En clair, l'endettement de la société est désormais couvert non plus à raison de 4 fois mais de 8 fois le résultat opérationnel.
Sur le marché obligataire, l’obligation Tereos Finance Group I (4,125% - 16/06/2023) a nettement baissé ces dernières heures pour coter aux alentours de 85,98% du nominal. Son rendement est de 8,09%, particulièrement élevé. Il reflète bien la prime de risque importante exigée par les investisseurs.
Même scénario pour l'emprunt Tereos Finance Group I (4,25% - 03/04/2020) dont le dernier cours est de 93% du nominal, soit un rendement de 11,84%.
Ces deux souches obligataires libellées par coupures de 100.000 euros sont notées BB- chez Standard & Poor’s, dans la catégorie spéculative.