Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Trump s’auto-proclame « génie ». Cela pourrait faire sourire mais cette assertion est solidement étayée par un Tweet diffusé dimanche après-midi. En effet, Donald Trump affirme avoir créé 7 000 Mds$ de valeur depuis son élection, notamment au travers de la richesse boursière. Même s’il s’avère que 1% des milliardaires en captent 70% et les 10% les plus riches, 90%.
Les 90% de la population restante, soit environ 280 millions d’Américains, ne se partagent que 10% de la richesse boursière créée. Sachant que cela ne concerne en réalité que la moitié de ces Américains. D’après la dernière enquête du site GoBankingRates publiée fin 2017, 69% d’Américains ont moins de 1 000$ d’économies !
▶ La Tax Reform : un cadeau pour les déjà-riches
Les « 1% les plus riches » s’attendent à une année 2018 radieuse grâce à la Tax Reform. En effet, cette dernière est taillée sur-mesure pour les déjà-multimillionnaires ou multimilliardaires et les récidivistes de l’évasion fiscale qui vont pouvoir capter l’essentiel du produit des futurs rachats de titres qui vont se multiplier à Wall Street. En ce qui concerne la « croissance », elle n’a contribué qu’à hauteur de 600 Mds$ (en étant très optimiste et en comptant l’inflation des dépenses de santé pour du PIB additionnel) sur les 7 000 Mds$ de valeur additionnelle évoqué par le « Danube de la Pensée * » qui siège à la Maison Blanche (* l’un des nombreux titres de gloire que s’était auto-décerné le tyran roumain Ceausescu).
Mais remontons aux sources boursières de ce déferlement de richesse. Il y a deux ans, Donald Trump n’avait pas de mots assez durs pour dénoncer la « bulle boursière » orchestrée par la Fed avec son laxisme monétaire. Le Dow Jones valait alors environ 17 000 points : il a donc pris 50% depuis. Cette hausse, en l’espace de 13 mois, le Dow Jones la doit évidemment aux bonnes décisions économiques prises par Donald Trump, et à son style de gouvernance « pro business ». En 2017, Wall Street s’est inspiré de la réforme fiscale de Trump. En 2018 les milieux d’affaires s’appuieront sur la dérégulation.
Cette hausse, en l’espace de 13 mois, le Dow Jones la doit évidemment aux bonnes décisions économiques prises par Donald Trump, et à son style de gouvernance « pro business ». En 2017, Wall Street s’est inspiré de la réforme fiscale de Trump. En 2018 les milieux d’affaires s’appuieront sur la dérégulation. Oui, le carcan de réglementations visant Wall Street et mis en place sous Barack Obama pour sécuriser le système va être consciencieusement démoli afin de redonner toute son autonomie d’initiatives au secteur bancaire américain. Ce dernier souffrait le martyr depuis 2009, cela nous fendait le coeur.
▶ 2018 : l’année business friendly
2018 sera business friendly et de nombreuses sociétés de gestion apprécient le style Trump. Gary Wedbush, de Wedbush Capital Partners, estime que les perspectives n’ont jamais été aussi souriantes pour Wall Street depuis… un demi-siècle (soit les années Reagan, et même l’avant premier choc-pétrolier de 1973). Le taux d’optimisme parmi les assets managers américains est au zénith historique en ce début d’année. Les quatre premières séances donnent le ton avec une progression d’ensemble de +3% en moyenne des principaux indices US.
Au rythme actuel, les 26 000 points seront atteints avant la fin du mois sur le Dow Jones !
Immédiatement après la parution d’un piètre NFP (création d’emplois) sorti à +148 000 (au lieu de +190 000 attendu) un membre de la Fed a expliqué qu’il plaidait pour seulement deux hausses de taux cette année, au lieu des trois que suggèrent les dot.plots.
▶ Attention au ralentissement économique
Les derniers chiffres lui donnent raison. Pas de risque de dérapage des prix via les salaires horaires qui affichent sagement une progression annuelle inchangée à +2,5%. Et les taux longs US restent de ce fait sagement sous les 2,50%. Voilà la démonstration que techniquement aussi, les conditions sont business friendly. Démonstration que nous allons tout simplement démonter en précisant que les taux courts atteignent 1,97% (presque 2%) et qu’un spread d’à peine 50 points entre le 2 ans et le 10 ans (écart réduit de moitié en 12 mois) signale un fort risque de ralentissement économique.
Et si vous pensez – comme beaucoup de gérants actions – que ce sont les spécialistes de l’obligataire qui se trompent, alors, le 10 ans devrait fuser vers 3% ! Pour mémoire, le rendement du S&P500 vient de tomber sous les 1,95% avec le franchissement des 2 700 points. C’est inférieur au taux sans risque du 2 ans. Et que dire du Nasdaq qui affiche à peine 1,6% de rendement ?
Cela ne présage rien de bon pour les marchés actions !