Les emprunts obligataires du groupe OI sont sous haute tension depuis l’été dernier. Ils évoluent au gré des rumeurs d’une restructuration de la dette du quatrième opérateur télécom brésilien, d'une possible aide financière conditionnée à la fusion avec une filiale de Telecom Italia ou encore des déboires de la banque BTG Pactual.
Les obligations Portugal Telecom (LS:PHRA) ne sont pas épargnées. Pour rappel, les dettes obligataires émises par Portugal Telecom International Finance BV n'ont pas été rachetées par Altice (AS:ATCE) en décembre de l’année dernière. En effet, le groupe dirigé par Patrick Drahi a racheté au groupe OI (qui avait lui-même fusionné avec Portugal Telecom en septembre 2013), les actifs portugais de Portugal Telecom sans ses dettes.
Portugal Telecom International Finance BV reste donc une filiale à 100% du groupe brésilien. Le paiement des coupons et le remboursement sont donc effectués par OI. En parallèle, l'évolution des obligations Portugal International Finance est fortement influencée par la santé financière du groupe OI.
Or, le quatrième opérateur brésilien subit de plein fouet le ralentissement économique au Brésil et la forte concurrence sur le marché télécom. Il doit également gérer un endettement important, conséquence notamment de sa politique d’acquisition.
Restructuration de la dette
En septembre dernier, les emprunts du groupe ont décroché sur le marché secondaire suite à des rumeurs de marché, relayées par la presse, indiquant que l’opérateur télécom brésilien envisageait une restructuration de sa dette.
La structure actuelle du capital n’est pas viable, expliquait alors David Tawil, co-fondateur du hedge funds Maglan Capital à Bloomberg. Il est impératif que la compagnie réduise le risque lié à la détention de dettes en dollar et en euro alors que la majorité de son chiffre d’affaires est réalisé en réal brésilien, ajoutait Tawil.
Éclaircie en octobre dernier lorsque LetterOne, contrôlé par le milliardaire russe Mikhaïl Fridman, s’est déclaré prêt à investir jusqu’à 4 milliards de dollars dans OI, mais à condition de fusionner l’entreprise aidée avec TIM Participaçoes, numéro deux brésilien du secteur et filiale de Telecom Italia.
Les deux compagnies ont démarré des discussions exclusives le 30 octobre dernier, avec l’aide de la banque BTG Pactual, mandatée pour mener à bien l’opération.
Mais la banque brésilienne est plongée en pleine crise depuis l’arrestation fin novembre de son patron dans le cadre du scandale Petrobras. La mise sous les verrous d’André Esteves a créé un vent de panique chez les investisseurs. Ces derniers s’interrogent notamment sur la capacité de l’institution financière à mener à bien l’entrée de LetterOne dans le capital d’OI.
La crise traversée par BTG Pactual a incité le fonds d'investissement américain Cerberus Capital Management LP à annoncer qu’il convoitait certains actifs de la banque brésilienne. Il vise ainsi la participation de 8% dans OI. Il a également fait part de sa volonté d’aider la banque à honorer le mandat accordé par OI à BTG Pactual.
Sur le marché obligataire, la tension reste palpable. Pour ne citer qu’un exemple, l’obligation Portugal Telecom International Finance BV (OI Group), d’une maturité égale au 16 juin 2025 assortie d’un coupon de 4,50% est disponible à l’achat à 53% du nominal ce jeudi. Son rendement est proche de 13%. Elle se négociait encore à près de 73% début novembre, lors de notre dernier point sur cette valeur.