Les investisseurs en quête de rendement élevé pourraient être tentés de consacrer une partie de leur épargne dans une obligation perpétuelle. On se souvient qu’il y a quelques mois, Solvay a émis plusieurs obligations de ce type.
Pour financer le rachat de l’entreprise américaine Cytec, le chimiste belge avait sollicité le marché de la dette au mois de novembre, proposant notamment une obligation perpétuelle au coupon de 5,118%.
La rémunération de cette obligation est fixe jusqu’en juin 2021. A cette date, Solvay (BR:SOLB) Finance SA à la possibilité de rembourser son emprunt à un cours fixé dans le prospectus à 100%. S’il n’exerce pas son droit de rachat, le coupon de l’obligation sera recalculé (voir la fiche pour tous les détails).
Ce mardi, cette obligation qui nécessite un investissement de 100.000 euros en nominal peut être achetée à un cours de 91,50%, de quoi porter le rendement annuel jusqu’au « call » à plus de 7%.
Risque de l’obligation
Particulièrement élevé par les temps qui courent, ce rendement de 7% s’explique essentiellement par l’aspect de dette perpétuelle subordonnée de l’obligation.
Pour rappel, une obligation perpétuelle subordonnée engendre un certain nombre de risques pour l’investisseur, que nous rappelons dans notre article de l’Oblis School: « Comprendre les obligations perpétuelles subordonnées ».
Parmi ceux-ci: il n’y a pas de date d’échéance. L’investisseur ne peut donc pas compter sur l’émetteur pour récupérer son investissement à une date déterminée. Par ailleurs, en cas de difficultés financières de l’émetteur, une réduction du coupon distribué, voire même sa suppression, peut être décidée. De plus, en cas de faillite, les détenteurs d’obligations perpétuelles sont le plus souvent remboursés après tous les autres créanciers, c’est-à-dire jamais dans certains cas.
La différence de notation est d’ailleurs là pour le rappeler. Les emprunts perpétuels Solvay bénéficient d’un rating spéculatif « BB » chez Standard & Poor’s, tandis que les emprunts senior sont notés « BBB-» dans la catégorie « Investment Grade ».
A titre de comparaison, l’obligation Solvay (1,625% - 2022) de type senior, qui bénéficie donc d’une priorité de remboursement par rapport aux obligations subordonnées du groupe, affiche un rendement annuel inférieur à 2%.
Risque émetteur
Solvay a suscité quelques inquiétudes ces dernières semaines, avec un cours de bourse en recul de 20% depuis le 1er janvier. Le chimiste belge souffre notamment des craintes entourant les pays émergents, alors qu'il a réalisé l'année passée près de la moitié de son chiffre d'affaires en Asie et en Amérique Latine.
Par ailleurs, le rachat de Cytec pour un montant jugé très voir trop important (5,5 milliards de dollars) a suscité une certaine méfiance de la part des analystes et des agences d'évaluation financière.
Le 11 décembre dernier, Standard & Poor’s a ainsi dégradé de deux crans la note du groupe à « BBB- », le dernier cran avant la catégorie spéculative. Pour l’agence, le rachat de Cytec qui a engendré une hausse de la dette de Solvay de quatre milliards d’euros, a dégradé ses standards de crédits.