Nous restons méfiants face aux effets d'annonce (par Peter Rosenstreich)
Les données publiées hier témoignent d'un affaiblissement persistant de secteurs clés de l'économie américaine, d'où un probable statu quo de la Fed en juin. Il s'agit de secteurs directement exposés à la demande extérieure. Les commandes de biens durables ont cru nettement plus que prévu pour passer de 1.9% à 3.4%, sous l'effet d'une forte hausse des commandes d'avions civils. Cette augmentation était toutefois attendue, car elle n'était pas apparue dans les statistiques d'avril. Malgré les bons chiffres bruts, le rapport indique que la demande industrielle ne montre pas de signe d'une reprise significative après le ralentissement enregistré au premier trimestre. Les commandes d'avions civils ont grimpé de 65%, ajoutant 2.9% au chiffre global, mais le reste du rapport est moins brillant. Hors transport, les commandes ont progressé de 0.4%. Les chiffres bruts des biens d'équipement ont déçu (-0.8%). Malgré ces statistiques mitigées, certains membres de la Fed restent sur leur ligne hawkish. Le gouverneur Jerome Powell a été le plus explicite quant à sa préférence pour une hausse des taux dans un futur proche, tout en soulignant que sa décision n'était pas gravée dans le marbre et que la trajectoire de la politique monétaire dépendait également des données. Les rendements courts US, et donc le dollar, sont portés non par les effets d'annonces des "faucons", mais par les statistiques économiques. Par réaction aux données décevantes, la courbe des rendements US s'est infléchie à la baisse, les 2 ans glissant de 5 pb à 0.86%. Le DXY est tombé de .04%, à 95.15.
Nous nous attendons toujours à ce que la décélération de la demande mondiale continue de se répercuter sur la croissance américaine. Cette contagion a été illustrée par l'érosion régulière du PMI manufacturier, qui remet en cause l'accélération de la croissance au deuxième trimestre. En outre, l'affaiblissement du marché du travail apparu dans le rapport sur l'emploi d'avril devrait perdurer dans le rapport attendu la semaine prochaine, avec des créations d'emplois non agricoles anticipées sous les 100k NFP. Si les futures sur les fonds fédéraux vont dans un sens contraire (probabilités à 54% d'un relèvement de 25 pb en juillet), nous n'anticipons pas un tour de vis monétaire de la Fed cet été. Nous attendons des propos prudemment accommodants de Janet Yellen, qui apporteraient de l'eau à notre moulin. Elle doit prononcer un discours ce jour à Harvard, mais ce n'est pas un cadre propice à des annonces de politique monétaire. Nous en saurons sans doute davantage lors de son discours du 6 juin à Philadelphie. Ce sera pour elle l'occasion de laisser entrevoir les intentions du FOMC avant le mutisme qui précèdera la réunion des 14 et 15 juin. Du point de vue fondamental, nous restons shorts sur l'USD.
Avant le long week-end prévu outre-Atlantique, les Etats-Unis doivent publier le PIB annualisé du premier trimestre (revu à la hausse à 1.0%), le PCE core et l'indice de confiance de l'université du Michigan.
Japon : nouveau recul de l'inflation (par Yann Quelenn)
L'IPC national japonais d'avril s'est révélé supérieur aux attentes à -0.3% a/a, mais en baisse par rapport à celui de mars. L'autre indice d'inflation, l'IPC de Tokyo, s'est également établi sous les chiffres précédents à -0.5% a/a. Ces données très faibles compliquent l'atteinte de l'objectif d'inflation de 2% d'ici fin 2017. On ne peut que se demander comment un pays pourrait atteindre en un an et demi un objectif sur lequel elle bute depuis 20 ans.
C'est également le second mois consécutif de baisse de l'inflation. La BoJ estime sans doute que le récent renforcement du yen ajoute trop de pressions baissières sur l'inflation. Nous pensons que la hausse de la TVA programmée pour 2017 sera reportée, voire complètement annulée. D'après nous, la banque centrale tentera d'éviter des turbulences inutiles dans l'économie intérieure.
D'autres problèmes risquent à présent de surgir. Les agences de notation commencent à se demander si le Japon devrait être dégradé du fait des incertitudes sur ses perspectives économiques. La dette nipponne massive – ratio dette-PIB de 250%-, pourrait enterrer les espoirs d'une reprise durable pendant très longtemps.
USD/JPY - Volatility Lowers.
EURUSD La paire EUR/USD rebondit actuellement vers la barre des 1,1200 au sein du canal baissier. Une résistance horaire se situe à 1,1227 (plus haut du 24/05/2016) et à 1,1349 (plus haut du 17/05/2016). Une résistance plus solide se situe à 1,1616 (plus haut du 04/12/2016). La structure technique suggère d'autres mouvements baissiers au sein du canal baissier. À plus long terme, la structure technique favorise un biais baissier à très long terme aussi longtemps que la résistance des 1,1714 (plus haut du 24/08/2015) tiendra bon. La paire évolue au sein d'une fourchette depuis début 2015. Un support plus solide se situe à 1,0458 (plus bas du 16/03/2015). Cependant, la structure technique qui existe depuis décembre dernier implique une progression graduelle.
GBPUSD La paire GBP/USD rebondit actuellement à partir de 1,4700. Elle n'a pas réussi à atteindre la résistance horaire des 1,4770 (plus haut du 03/05/2016). Un support horaire se trouve à 1,4637 (plus bas intrajournalier) et à 1,4404 (plus bas du 15/05/2016). La paire devrait un nouvel élan haussier vers la résistance des 1,4770. La structure technique à court terme est négative et favorisera une accentuation de la baisse vers le support clé des 1,3503 (plus bas du 23/01/2009), tant que les cours restent au-dessous de la résistance des 1,5340/64 (plus bas du 04/11/2015, voir aussi la moyenne mobile quotidienne à 200 jours). Cependant, les conditions générales de survente et la récente reprise de l'intérêt acheteur ouvrent la voie à un rebond.
USDJPY La paire USD/JPY évolue toujours autour de 110. La paire évolue sans tendance entre le support horaire des 110,59 (plus haut du 20/05/2016) et le support horaire des 108,72 (plus bas du 18/05/2016). La paire devrait poursuivre sa chute vers la barre des 108,72, car l'élan à moyen terme est orienté à la baisse et la structure technique suggère une autre forte tendance à la baisse, car la dynamique à moyen terme devrait prévaloir. Nous privilégions un biais baissier à long terme. La paire vise le support des 105,23 (plus bas du 15/10/2014). Une hausse progressive vers la résistance majeure des 135,15 (plus haut du 01/02/2002) semble actuellement peu probable. La paire peut rencontrer un autre support clé à 105,23 (plus bas du 15/10/2014).
USDCHF La paire USD/CHF évolue toujours en dents de scie après avoir cassé le triangle symétrique. Elle peut rencontrer une résistance horaire à 0,9938 (plus haut du 24/05/2016), alors qu'un support horaire se trouve à 0,9872 (plus bas du 26/05/2016). La paire devrait poursuivre son mouvement de consolidation à la baisse. À long terme, la paire évolue toujours au sein d'une fourchette depuis 2011, en dépit de quelques turbulences enregistrées lorsque la BNS avait mis fin au cours plafond du CHF. Un support clé peut se situer à 0,8986 (plus bas du 30/01/2015). La structure technique favorise un biais haussier à long terme depuis décembre dernier.