Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La journée du mercredi 10 juillet 2019 restera-t-elle gravée dans les annales boursières comme celle de tous les records, mais aussi et surtout comme celle du test de résistances majeures insurpassables pour des trimestres voire des années ?
L’entame de la séance du jour semble indiquer que les opérateurs ne nourrissent guère d’espoirs de nouveaux records. Pour autant, ils n’oseraient pas davantage lâcher un bout de papier dans la perspective d’une improbable consolidation.
Des résistances ont donc été « soulevées » ce mercredi par le Dow Jones, le S&P500 et le Nasdaq, mais seul ce dernier a réussi le double record « intraday/clôture » avec un plus haut absolu inscrit à 8 228 points dès les premiers échanges et un zénith de clôture à 8 202 points.
Le S&P500 a quant à lui « accroché » les 3 000 points sous les vivats des vieux briscards du « floor » de Wall Street, mais après une culmination à 3 003 points vers 15h45, l’indice a constamment évolué en dessous du seuil hautement symbolique des 3 000 points durant plus de six heures.
Avec un gain final de 0,45% à 2 993 points, le S&P500 n’aura même pas dépassé sa meilleure marque de 2 996 points inscrite le 3 juillet dernier, à la veille de la fête nationale américaine.
Ces records en cascade étaient en fait pratiquement acquis dès 14h30 avec la diffusion préalable du texte du discours que Jerome Powell devait lire devant la commission financière de la Chambre des Représentants 90 minutes plus tard. A noter que lors de la séance de questions/réponses qui a suivi, le patron de la FED a prononcé… 25 fois (!) le mot « incertitude ».
D’une manière générale, il a évoqué « des risques de ralentissement », mais a assuré que « la Réserve fédérale agira de manière appropriée pour soutenir la croissance ».
Le pétrole flambe
Cette promesse pourrait en partie expliquer le rebond du pétrole, mais la raison principale est beaucoup plus basique et mécanique. Les stocks hebdomadaires de brut se sont en effet contractés de 9,5 millions de barils, un repli bien plus marqué que prévu par les économistes, tandis que les stocks d’essence sont ressortis en recul de 1,5 million de barils (comme escompté par le consensus).
Le baril de WTI a flambé de 4,3% vers 60,3 $ sur le NYMEX, ce qui a dopé le secteur énergétique, mais cette hausse s’est matérialisée après 16 heures, c’est-à-dire après la matérialisation des nouveaux zéniths.
C’est donc bien la FED qui a fait la différence et ce pourrait être de nouveau le cas ce jeudi avec la seconde audition de Jerome Powell, cette fois devant la commission sénatoriale. Le record des 25 incertitudes sera-t-il battu ?
Tout le monde sait que le marché a peur des « incertitudes », mais il n’y a plus de marché, donc le sujet de la peur est clos !
Wall Street se souviendra peut-être également de l’intervention de James Bullard, le très « colombe » président de la Réserve fédérale de Saint-Louis, lequel a réitéré hier sa récente prise de position en faveur d’une réduction « préventive » des taux d’intérêt, qualifiée de « police d’assurance » face à un ralentissement plus marqué que prévu de l’activité sur fond d’inflation qui ne décolle pas.
Il n’est pas certain que cette stratégie soit massivement approuvée par ses collègues. Parmi eux, Esther George, la présidente de la FED de Kansas City, estime que les anticipations d’inflation penchent vers un déclin, mais les investisseurs pourraient de son point de vue « s’alarmer de la hausse des dépenses publiques ou des effets du vieillissement de la population » qui creusent les déficits et vont entraîner un accroissement des émissions de bons du Trésor.
Après avoir été – provisoirement – rassurés par la FED, les investisseurs vont maintenant se focaliser sur les résultats des entreprises américaines au titre du deuxième trimestre. Le bal des publications débutera en fin de semaine et Wall Street mise très gros sur des résultats meilleurs qu’attendus.