Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Wall Street était en proie à tous les tourments psychologiques mardi soir, mais à peine 24 heures plus tard, la thématique du jour était l’alignement des planètes et le Dow Jones a repris quelque 1 200 points.
Les tenants de la thèse d’un impact marginal de la crise du coronavirus aux Etats-Unis se sont vus confortés par l’indice ISM de l’activité dans le secteur tertiaire (dit des « services ») aux Etats-Unis, ressorti en forte hausse de 1,8 point en données mensuelles à 57,3 alors que le consensus pariait au contraire sur une légère baisse à 55.
Et ce n’est pas tout : le cabinet d’enquêtes ADP (PA:ADP) a comptabilisé 183 000 créations d’emplois dans le secteur privé américain le mois dernier, soit 13 000 de plus qu’attendu par les économistes, dont 11 000 dans le secteur manufacturier et le solde dans celui des services.
Ces données prennent à contre-pied les anticipations d’un brutal ralentissement lié aux effets du coronavirus et les interrogations sur la décision (d’aucuns parleraient plutôt d’erreur stratégique) de la FED de griller deux cartouches d’un coup en abaissant ses taux de 50 points de base ont également été éclipsées par le résultat du « super Tuesday » de la primaire démocrate. Celui-ci a en effet vu Bernie Sanders privé d’une victoire par sa rivale Elisabeth Warren, tandis que Joe Biden fait figure de troisième larron, mais qui empoche finalement la mise.
L’ancien vice-président a de surcroît reçu le soutien de son principal adversaire libéro-centriste, le milliardaire Michael Bloomberg, qui a jeté l’éponge après avoir dépensé à lui seul deux fois plus d’argent que tous ses adversaires réunis… sans réussir à l’emporter dans aucun Etat.
8,3 Mds$ débloqués pour lutter contre le coronavirus
Oubliant soudainement que la FED n’a plus les moyens d’endiguer une éventuelle récession – sauf à provoquer un krach monétaire via un « QE » en mode no limit –, les investisseurs se disent soudain que cela sera une véritable aubaine de disposer d’argent encore plus bon marché d’ici fin avril, voire à moins de 0,5% d’ici le 18 mars.
Enfin, si le Dow Jones a effacé ses pertes de mardi (-800 points) avec un gain tonitruant de 4,5% (clôture à 27 090 points), si le S&P500 a engrangé 4,2% à 3 130 points et si le Nasdaq a refranchi les 9 000 points, c’est aussi grâce au déblocage de 8,3 Mds$ pour combattre le coronavirus… Une vraie bonne nouvelle, à la mesure des enjeux sanitaires que Donald Trump avait systématiquement sous-estimés jusqu’ici.
Gageons que le bonheur de Wall Street sera complet si la Maison-Blanche annonce dans la foulée une série de mesures budgétaires fortes pour aider les entreprises en difficulté, mais là, il serait plutôt question de centaines de milliards de dollars…
Et on en revient au « QE infinity » de la FED qui signifierait la désintégration du système financier basé sur la dette dans un contexte tendanciellement déflationniste depuis 1981.