Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Après un sérieux trou d’air en milieu de semaine dernière, le baril de WTI a rebondi. Simple accident de parcours ? Eléments de réponse dans cette analyse graphique de Philippe Béchade.
D’après JPMorgan (NYSE:JPM), la production pétrolière, qui a chuté de 9 millions de barils/jour (ou Bpj), pourrait bien ne jamais retrouver son niveau d’avant la pandémie ! Ce sont même trois millions de Bpj qui pourraient être définitivement perdus.
Le pic de production a en fait été atteint fin 2019, celui de la demande en janvier dernier et déjà, à l’époque, il existait un petit excédent de 1,5 million de Bpj parce que les producteurs de « shale oil » (pétrole de schiste) tournaient à plein régime. D’où un dépassement des capacités de raffinage domestiques et l’apparition de sérieuses difficultés logistiques pour transporter la production du Nord-Dakota vers les raffineries situées majoritairement au sud des Etats-Unis.
De son côté, l’OPEP, dont les Etats-Unis ne font pas partie, devrait maintenir ses « coupes » (avec la Russie qui joue le même jeu) à hauteur de 9 millions de Bpj, mais des manifestations d’indiscipline se multiplie au sein des membres du cartel, notamment les Emirats Arabes Unis et même l’Arabie Saoudite, laquelle consent des gros rabais à ses meilleurs clients, ce qui a amené une récente rechute du « Brent » sous les 40 $.
Le graphique ci-après révèle quant à lui l’évolution récente du baril de WTI, qui a plongé de 6% le 8 septembre dernier vers 36,1 $ et s’est stabilisé dans cette zone le lendemain. Ce faisant, il venait d’effacer d’une seule traite tous les gains réalisés depuis la mi-juin ;
La tendance « primaire » n’a peut-être pas disparu…
Une baisse d’autant plus radicale que le dollar montrait dans le même temps des signes de faiblesse, avec une rechute jusque sur le seuil majeur des 1,20 €. La traditionnelle mécanique selon laquelle l’or noir évolue symétriquement au billet vert (quand ce dernier recule, le prix du baril croît) n’aura donc pas fonctionné cette fois-ci, et si l’évolution du pétrole constitue un baromètre – voire un précurseur- de l’activité économique, ce n’est guère rassurant !
Le WTI s’est néanmoins bien repris depuis jeudi dernier et s’est adjugé 12% en l’espace de six séances pour se hisser jusque vers 40,3 $. Il s’agit en réalité d’un scénario technique des plus classiques et le pétrole vient de retracer très exactement 50% de son récent sell-off de -8,5$ amorcé le 27 août dernier.
La tendance primaire (baissière) de début septembre n’est pas invalidée pour autant et pourrait se « réveiller » au moindre doute concernant la vigueur de la croissance. A cet égard les derniers commentaires de la FED hier ne sont pas non plus rassurants, la résilience de la pandémie pesant selon elle sur la reprise économique.
En cas de seconde vague de correction à moyen terme, grosso modo d’ici fin 2020, le prochain support se situe vers les 31 € (il remonte au 22 mai) mais semble fragile.
L’objectif suivant serait le comblement de la zone de « gap » haussier des 21$ du 5 mai, qui coïncide avec la zone support des 20,5/21 € du 18 mars au 15 avril.