PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en net repli jeudi tandis que le dollar, la livre sterling et les rendements obligataires remontaient, les investisseurs s'adaptant à la perspective de plus en plus nette d'un resserrement des politiques monétaires des grandes banques centrales dans les mois à venir.
À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,5% (26,41 points) à 5.216,88 points. Le Footsie britannique a perdu 0,74% et le Dax allemand 0,89%. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,61%, le FTSEurofirst 300 0,26% et le Stoxx 600 0,39%.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow cédant 0,13% et le Nasdaq 0,87%, les valeurs technologiques étant les plus affectées par la tendance générale.
Au lendemain des annonces de la Réserve fédérale américaine, qui ouvrent la voie à plus ou moins brève échéance à une réduction de son bilan parallèlement à la remontée des taux d'intérêt, la Banque d'Angleterre (BoE) a certes maintenu le statu quo mais trois des membres de son Comité de politique monétaire (MPC) ont voté pour une hausse de taux face à l'accélération de la hausse des prix.
Ce renforcement inattendu des partisans du durcissement de la politique monétaire au sein de la BoE a fait monter la livre sterling tandis que la Bourse de Londres accentuait ses pertes. L'indice FTSE Mid250 des valeurs moyennes cotées à Londres, plus sensible à l'évolution de la conjoncture britannique, a décroché de 2,11%.
La livre sterling, elle, était stable en fin de journée face au dollar, contre lequel elle cédait du terrain avant le communiqué de la BoE, et elle gagnait 0,6% face à l'euro.
"Le vote par cinq voix contre trois des membres du MPC montre qu'il y a un désaccord au sein du comité, ce qui a poussé la livre sterling à la hausse. Il y a tellement d'incertitude sur le marché qu'il est très surprenant de constater que certains membres (du MPC) pensent qu'ils devraient relever le taux directeur", explique Naeem Aslam, analyste de Think Markets.
La perspective d'une remontée des taux d'intérêt ravive logiquement les doutes sur la valorisation des actions, ce qui explique le recul accentué des technologiques, déjà observé en début de semaine.
L'indice Stoxx européen des hautes technologies a ainsi cédé 1,14% sur la journée. Mais la distribution et les matières premières ont fait pire avec des reculs respectifs de 2,24% et 1,73%, le premier souffrant de la baisse des ventes au détail britanniques et le second de la faiblesse des cours du pétrole et du cuivre.
Lanterne rouge du CAC, ArcelorMittal (AS:MT) a cédé 2,85%.
Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d'Etat britanniques à dix ans a pris jusqu'à 10 points de base et celui des titres allemands de même maturité sept points à 0,298%, un plus haut de deux semaines. Le rendement à dix ans français a quant à lui frôlé 0,66%.
La hausse a été plus marquée encore pour les échéances courtes, plus sensibles aux fluctuations des taux: le rendement à deux ans allemand est remonté à -0,632%, son plus haut niveau depuis fin janvier.
Le dollar, lui, reste bien orienté face à un panier de six grandes devises de référence, ce qui ramène l'euro autour de 1,1155 dollar.
La bonne santé du billet vert fait mécaniquement baisser le cours de l'or, revenu à son plus bas niveau depuis trois semaines.
Quant au pétrole, il reste faible même s'il limite ses pertes: à 46,95 dollars le baril, le Brent est proche de son plus bas niveau de l'année et accuse un repli de près de 13% depuis le 25 mai, date de la reconduction pour neuf mois par l'Opep de l'accord d'encadrement de la production de brut.
(Marc Angrand, édité par Wilfrid Exbrayat)