par Jason Lange et Howard Schneider
WASHINGTON (Reuters) - La Réserve fédérale américaine a laissé sa politique monétaire inchangée mercredi tout en réaffirmant tabler sur deux hausses de taux cette année, même si la révision à la baisse de ses prévisions de croissance l'a conduite à réduire le niveau auquel elle s'attend à voir culminer le loyer de l'argent.
Et même ses anticipations pour cette année en matière de taux d'intérêt sont moins affirmées qu'auparavant: six des 17 gouverneurs et présidents des antennes régionales de la Fed intègrent dans leurs prévisions une seule hausse de taux d'ici fin décembre, soit cinq de plus qu'il y a trois mois.
"Nous sommes assez incertains pour ce qui est de savoir où se dirigent les taux à plus long terme", a reconnu la présidente de la Fed, Janet Yellen, lors d'une conférence de presse.
La banque centrale a abaissé sa prévision de croissance 2016 à 2,0, contre 2,2% en mars, et celle de 2017 à 2,0% également contre 2,1% il y a trois mois.
Elle a aussi réduit d'un quart de point, à 3%, le niveau de taux qu'elle juge approprié à plus long terme et laissé entendre qu'elle serait moins empressée de resserrer sa politique monétaire au-delà de la fin de l'année.
Janet Yellen n'a pas clairement dit si un relèvement des taux était envisageable dès la prochaine réunion, fin juillet, ou si la banque centrale attendrait de disposer d'une série d'indicateurs plus encourageants avant de passer à l'action, au plus tôt donc en septembre.
"Je ne suis pas à l'aise pour dire si cela aura lieu lors de la prochaine réunion ou lors des deux prochaines mais ce pourrait être le cas", a-t-elle déclaré. "Il n'est pas impossible que d'ici juillet, par exemple, nous observions des chiffres qui nous conduisent à conclure que nous sommes dans une situation parfaitement adaptée."
Elle a expliqué que l'économie américaine semblait avoir retrouvé de l'élan depuis avril mais que le marché du travail avait perdu de son dynamisme.
LE RISQUE D'UN BREXIT PÈSE
Elle a également reconnu que lors d'une conférence de presse que l'hypothèse d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne était l'un des facteurs ayant conduit au statu quo sur les taux, voté à l'unanimité.
Elle a expliqué qu'une victoire du camp du "Leave" lors du référendum du 23 juin aurait "des conséquences sur la situation économique et financière et sur les marchés financiers mondiaux".
Wall Street, qui évoluait dans le vert depuis l'ouverture, est passée en territoire négatif en toute fin de séance, l'indice Dow Jones cédant 0,2% en clôture.
Les rendements des emprunts d'Etat américains se sont quant à eux orientés à la baisse et le dollar a creusé ses pertes.
Les analystes ont noté que même les membres du FOMC les plus favorables à la hausse des taux avaient modéré leur position.
"Elle est aussi 'colombe' que la Fed peut l'être sans aller jusqu'à baisser les taux", a commenté Brian Jacobsen, responsable de la stratégie d'investissement de Wells Fargo Fund Management. "Même (la présidente de la Fed de Kansas City) Esther George s'est abstenue d'exprimer son désaccord. Le rythme d'évolution des taux est ralenti, ce qui constitue un important virage accommodant."
La Fed a relevé les taux en décembre dernier pour la première fois, portant l'objectif des "fed funds" entre 0,25% et 0,50%. Elle déclarait alors tabler sur quatre autres hausses en 2016 mais les incertitudes économiques mondiales et la volatilité accrue des marchés financiers internationaux l'ont par la suite conduite à ramener ce chiffre à deux.
Si les inquiétudes suscitées par la conjoncture mondiale se sont en partie apaisées, le net ralentissement des créations d'emploi en mai a perturbé les anticipations, même si des indicateurs publiés depuis suggèrent qu'il pourrait ne s'agir que d'une faiblesse passagère.
(avec David Chance; Marc Angrand pour le service français)