La France a spectaculairement resserré ses liens avec les monarchies du Golfe lors d'une visite de François Hollande marquée par la vente du Rafale au Qatar et la perspective de "dizaines de milliards d'euros" de contrats avec l'Arabie saoudite.
Le chef de l'Etat français avait déjà salué lundi le "good choice" ("bon choix") du Qatar pour l'achat de 24 avions de combat Rafale, un contrat estimé à 6,3 milliards d'euros.
Et le lendemain, en marge de sa visite à Ryad, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a annoncé que l'Arabie saoudite et la France discutaient de 20 projets économiques "représentant plusieurs dizaines de milliards d'euros" s'ils étaient "menés intégralement à bien".
Ces projets, dont certains pourraient faire l'objet d'une conclusion "rapide", concernent les investissements croisés, le secteur de l'armement où "un certain nombre de projets vont être finalisés avec des conséquences dans les mois qui viennent" ou encore l'énergie, "surtout dans le domaine solaire, avec une perspective sur le nucléaire".
Laurent Fabius a également énuméré l'aéronautique civile, les infrastructures de transport, citant les grandes villes de La Mecque et Jeddah (ouest de l'Arabie saoudite), ainsi que la santé.
"Ce sont des prospects extrêmement importants qui signifient que le partenariat passe à une nouvelle vitesse, avec des conséquences très concrètes", s'est-il félicité, parlant d'une volonté de la nouvelle direction saoudienne "d'aller vite".
Plus tard, lors d'une conférence de presse clôturant sa visite, M. Hollande a parlé d'"ambition" et de "méthode". L'ambition, "c'est d'être capable de répondre à toutes les sollicitations", la méthode, "c'est d'agir rapidement".
Dès juin, "il y aura déjà des annonces qui pourront être confirmées et, à tout le moins, nous aurons un autre rendez-vous au mois d'octobre, puisque c'est le forum franco-saoudien", a-t-il dit.
Au chapitre diplomatique, François Hollande était "l'invité d'honneur" mardi d'un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), alors que la région est secouée par une série de crises, dont la guerre au Yémen voisin.
Cette invitation est sans précédent pour un chef d'Etat occidental depuis la création en 1981 du CCG qui réunit l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar.
Cinq des six Etats se sont alliés fin mars à quatre autres nations arabes pour faire reculer des rebelles chiites au Yémen et contrer ce qu'ils perçoivent comme une tentative de mainmise de l'Iran sur ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Le programme nucléaire de Téhéran et l'accord-cadre conclu début avril sous l'impulsion de Washington étaient également à l'ordre du jour du sommet, tout comme la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique en Irak et en Syrie.
"Nous sommes maintenant un partenaire majeur de la région", s'est félicité un haut responsable français, assurant que la France venait d'abord parler politique aux Etats avant de parler affaires.
Tout au long de sa visite, le président français lui-même n'a cessé de souligner la "fiabilité" et la "constance" de la relation de son pays avec les pays du Golfe.