par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Groupe PSA s'est montré mercredi confiant pour ses résultats semestriels et les prochaines années malgré la baisse de ses volumes de vente et un effet de changes très négatif au premier trimestre, qui pèsent sur le titre en Bourse.
Le constructeur automobile a toujours prévenu que 2016 serait moins facile que l'année précédente en termes de marchés, de devises et de cycle produit.
Au cours d'une téléconférence avec les analystes, le directeur financier Jean-Baptiste de Chatillon a indiqué que les nombreux lancements de véhicules à venir et les ventes aux partenaires industriels Toyota (T:7203) et General Motors (NYSE:GM), pour qui PSA va assembler plusieurs véhicules, auraient un impact positif sur le chiffre d'affaires à partir de 2017.
"Les volumes sur les marchés ont montré des tendances contrastées mais le groupe reste concentré sur la croissance profitable", a-t-il déclaré. "C'est un premier trimestre très positif et nous prévoyons un premier semestre positif (durant lequel) nous nous attaquons avec beaucoup de force aux défis du plan 'Push to pass'."
Les ventes en volume du constructeur ont baissé de 1,7% sur les trois premiers mois de l'année, à 699.800 véhicules. Une chute en Chine (-17,9%, contrecoup d'un vaste déstockage et des efforts engagés pour redresser les marges des JV chinoises) a fait plus qu'éclipser une hausse de 5,9% des ventes du groupe en Europe, où PSA a relevé à 4% sa prévision de marché pour 2016, et un bond de 15,5% en Amérique latine où il compte doubler ses volumes d'ici 2021.
En Chine, le groupe s'est fixé pour objectif de porter à 10% les marges de ses coentreprises avec Dongfeng et Changan au même horizon.
PRIORITÉ AUX MARGES SUR LES VOLUMES
Privilégiant toujours la rentabilité sur les volumes, comme lors du plan de redressement "Back in the race" tout juste achevé, PSA a affiché un effet prix positif de 2,6% sur la période, mais l'effet "product mix" a été négatif de 1%, reflet de l'arrivée en fin de vie de plusieurs modèles, notamment sur les marchés émergents.
Le chiffre d'affaires du groupe a reculé de 1,4% à 13 milliards d'euros, en raison d'un effet de changes négatif de 4,4%. Hors devises, la composante choisie par PSA pour ses objectifs moyen terme, le chiffre d'affaires ressort en hausse de 1,5%.
En Bourse, après une ouverture indécise, l'action PSA perd 1,94% à 13,915 euros à 13h30, deuxième plus forte baisse de l'indice CAC 40 (+0,2%).
"Le chiffre d'affaires de la division automobile (8,8 milliards d'euros) est un peu inférieur aux attentes", commente Barclays (LON:BARC) dans une note. "Dans l'ensemble, les chiffres publiés ne sont pas enthousiasmants mais la composante croissance est actuellement moins au coeur de la story PSA que Renault (PA:RENA)."
Le concurrent français de PSA, lui, a fait état la semaine dernière d'un bond de 11,7% de son chiffre d'affaires au premier trimestre, de nouveaux marchés comme l'Inde venant étoffer sa performance en Europe, et ses ventes en volume ont grimpé de 7,3% à 692.453 véhicules.
PSA s'est à nouveau refusé à donner des prévisions chiffrées pour 2016 mais a estimé que ses ambitions à moyen terme étaient confortées.
Le président du directoire Carlos Tavares vise une croissance de 10% du chiffre d'affaires entre 2015 et 2018, puis de 15% sur les trois années suivantes.
Il table également sur une marge opérationnelle courante moyenne de 4% pour la division automobile sur 2016-2018, puis de 6% en 2021, après les 5% de 2015, niveau de rentabilité inédit au sein du groupe depuis 2002.
Les trois marques du groupe ont connu au premier trimestre des fortunes diverses. A l'échelle mondiale, Peugeot (PA:PEUP) a vu ses volumes baisser de 1,5%. Citroën, engagé dans un repositionnement audacieux, a vu les siens reculer à nouveau de 2,6%. Quant à DS, nouvelle marque haut de gamme du groupe lancée seulement six ans plus tôt, elle a vu ses ventes unitaires rebondir de 3,7%.
Mais PSA, dont les analystes considèrent le volume annuel de trois millions de véhicules comme un talon d'Achille dans un secteur engagé dans une course au gigantisme, n'entend pas en rester là. Il compte renouer avec la croissance au cours des prochaines années en lançant pas moins de 34 nouveaux véhicules à travers le monde sur la durée de son plan stratégique.
A l'assemblée générale de PSA, qui s'est tenue également mercredi au siège parisien du groupe, toutes les résolutions proposées ont été adoptées, y compris celle sur le quasi-doublement de la rémunération de Carlos Tavares qui avait suscité la controverse le mois dernier.
(Edité par Dominique Rodriguez)