MOSCOU (Reuters) - La Russie et la Syrie ont cessé leurs bombardements aériens d'Alep mardi, avant une "pause humanitaire" prévue jeudi, a annoncé le ministère russe de la Défense, mais les rebelles refusent de quitter la grande ville du nord de la Syrie.
Cette "pause humanitaire" dans deux jours sera en vigueur de 08h00 (05h00 GMT) à 16h00 (13h00 GMT), afin de permettre aux civils et aux insurgés de quitter la ville, a dit lundi Moscou.
Les rebelles ont toutefois fait savoir qu'ils n'avaient pas l'intention d'abandonner la partie orientale de la ville.
"Les factions rejettent toute sortie, il s'agirait d'une reddition", a déclaré Zakaria Malahiifji, chargé des affaires politiques du groupe Fastakim.
Le commandant d'un puissant groupe islamiste également retranché dans l'est d'Alep, Ahrar al Cham, a lui aussi rejeté la proposition russe.
"Quand nous avons pris les armes au début de la révolution pour défendre notre peuple abandonné, nous avons promis à Dieu que nous ne les déposerions pas avant l'effondrement de ce régime criminel", a dit Al Farouk Abou Bakr.
Les Nations unies estiment que 275.000 civils et 8.000 combattants se trouvent dans Alep-Est.
Ces combattants seraient répartis en une cinquantaine de groupes, a dit à Reuters le directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge, Robert Mardini.
L'Onu n'est en outre pas en mesure de garantir que de l'aide humanitaire pourra passer lors de cette "pause".
"Nous avons besoin de l'engagement de toutes les parties au conflit, pas uniquement une annonce unilatérale", a déclaré à Genève un porte-parole des Nations unies, Jens Laerke.
Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, l'interruption des frappes aériennes mardi, effective à partir de 10h00 (07h00 GMT), devait contribuer à garantir la sécurité de six corridors destinés à l'évacuation des civils et à préparer celle des malades et des blessés hors de l'est d'Alep.
Le ministre a dit s'attendre à ce que les insurgés quittent Alep, avec leurs armes, via deux corridors spéciaux, l'un par la route Castello, l'autre près du marché Al Khaï Souk.
"Nous demandons aux dirigeants de la communauté internationale d'user de leur influence sur les groupes armés de l'est d'Alep pour convaincre leurs chefs de cesser les combats et d'abandonner la ville", a-t-il déclaré.
La campagne de bombardements russo-syrienne a causé des dégats considérables dans Alep, estime l'Onu. La plupart des établissements de santé ont été détruits.
Le nombre de morts du 23 septembre au 8 octobre s'établissait à 406, avec en plus 1.384 blessés.
(Maria Kisseliova, avec John Davison à Beyrouth et Tom Miles à Genève, Eric Faye et Gilles Trequesser pour le service français)