PARIS (Reuters) - L'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë a annoncé mercredi son soutien à Emmanuel Macron à l'élection présidentielle face au programme "dangereux" du socialiste Benoît Hamon et à la perspective "catastrophique" d'une victoire du Front national.
"Je pense que le candidat qui se rapproche le plus de mes convictions de socialiste réformiste, européen, réaliste, c'est Emmanuel Macron", a dit l'ex-édile socialiste de 66 ans, dernier en date des ralliements socialistes à Emmanuel Macron.
Le candidat du mouvement En marche ! propose "de vraies mesures progressistes, de justice sociale, de lutte contre les inégalités" et son programme est "sérieux et crédible sur le plan économique", même si certaines mesures ne sont pas suffisamment à gauche, a-t-il ajouté sur France Inter.
Bertrand Delanoë juge en revanche le programme de Benoît Hamon "dangereux parce qu'il ne rassemble pas la gauche et parce qu'il n'est philosophiquement, dans le rapport au travail, dans le rapport à l'Europe (...) pas en mesure de produire du vrai progrès social".
A son arrivée à l'Assemblée mercredi, Emmanuel Macron s'est dit "très satisfait" du soutien du maire de Paris.
"Au vu des positions qu'il a constamment défendues, je pense en effet qu'il avait pleinement sa place chez les progressistes", a-t-il dit à la presse.
Bertrand Delanoë, qui a quitté en 2014 la mairie de Paris après 13 ans passés à sa tête, ne s'était jusqu'à présent pas exprimé officiellement sur le scrutin présidentiel qui se tiendra les 23 avril et 7 mai prochains.
Expliquant être "hanté" par une possible victoire du Front national, l'ancien député et sénateur de Paris estime "que la France court un danger majeur".
"HANTE PAR LE FN"
"Peut-être que dans deux mois l'idéologie et les méthodes de l'extrême droite dirigeront la France", indique-t-il. "En tant qu'homme libre et avec beaucoup de gravité, je pense qu'il faut que nous nous posions la question de notre vote au premier tour de la présidentielle pour éviter la catastrophe du second tour".
"Je pense que la candidate de l'extrême droite est beaucoup plus forte dans les intentions de vote qu'on ne l'imagine", dit-il. "Il faut donner le maximum de force au premier tour au candidat qui peut battre Marine Le Pen".
A deux mois de l'élection présidentielle, la présidente du FN est en tête dans les intentions de vote pour le premier tour dans les sondages, devant Emmanuel Macron et François Fillon (Les Républicains). Marine Le Pen est en revanche systématiquement donnée battue au second tour.
Le soutien de Bertrand Delanoë, annoncé par des sources parlementaires dès mardi, est le dernier en date pour Emmanuel Macron, qui a engrangé ces dernières semaines l'appui d'élus socialistes et suscite l'intérêt de ministres comme Ségolène Royal, Patrick Kanner et Stéphane Le Foll.
Face à l'attrait suscité par l'ancien banquier, Benoît Hamon, bloqué en quatrième position dans les sondages, s'en est pris mardi soir, lors d'un meeting à Marseille, à la "chimère" Macron et fustigé les socialistes envisageant un "vote utile" en faveur de l'ex-ministre de l'Economie.
"Ça fait 45 ans que j'appartiens au Parti socialiste, je suis fidèle au Parti socialiste", a dit Bertrand Delanoë mercredi, précisant toutefois avoir "conscience", par sa prise de position, "de préférer (son) pays à (son) parti".
Pour Aurélie Filippetti, porte-parole de Benoît Hamon, l'argument du barrage au FN "est d'une grande hypocrisie".
"La réalité, c'est qu'il y a un certain nombre de personnalités qui sont coupées de la vie politique active (...) refusent le suffrage qui s'est exprimé lors de la primaire", a dit l'ancienne ministre sur BFM TV. "Ils ne reconnaissent pas leur propre défaite idéologique, le libéralisme qu'ils ont toujours défendu."
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)