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Référendum: séisme dans la zone euro, tempête au sein du gouvernement grec

Publié le 01/11/2011 13:05
Mis à jour le 02/11/2011 00:00

La zone euro a brutalement replongé dans l'instabilité mardi après l'annonce surprise d'un référendum en Grèce, un coup de poker qui menace la survie du gouvernement grec et le plan de sauvetage sur lequel les partenaires européens d'Athènes s'étaient mis d'accord jeudi dernier.

Stupeur et indignation dominaient les réactions en Europe et dans le monde à l'annonce surprise, lundi soir, de ce référendum sur le plan de sauvetage par le Premier ministre grec Georges Papandréou, car un "non" des électeurs grecs pourrait être un prélude à une faillite du pays qui menacerait la viabilité de la zone euro.

Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, qui se rencontreront mercredi à Cannes, dans le sud-est de la France, où doit se tenir un G20 à partir de jeudi, se sont déclarés mardi "déterminés" à faire appliquer le plan de sauvetage de la Grèce malgré l'annonce de référendum.

M. Papandréou, dont la majorité au parlement fond comme neige au soleil alors qu'il a prévu un vote de confiance vendredi, se rendra aussi à Cannes mercredi, où il doit rencontrer les dirigeants allemand et français, ainsi que ceux de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.

L'accord européen du 27 octobre prévoit que les banques créancières de la Grèce acceptent de réduire de moitié la valeur des obligations de dette grecque qu'elles détiennent, ainsi que la poursuite du soutien financier des Etats européens à la Grèce, écrasée par sa dette et par la récession causée par les plans d'austérité successifs.

En échange, il prévoit un renforcement du contrôle des créanciers sur la marche budgétaire du pays, une accélération du programme de privatisations et la poursuite des sévères mesures d'austérité débutées en 2010.

L'accord est "la seule voie possible pour résoudre le problème de la dette grecque", a martelé Nicolas Sarkozy à l'issue d'une réunion interministérielle à l'Elysée.

Le message que les deux poids lourds de la zone euro doivent adresser mercredi à M. Papandréou est brutal, mais limpide. "Il a le droit de faire un référendum, mais avant Noël et uniquement pour poser la question de l'appartenance à la zone euro", a commenté une source proche du gouvernement français, "et s'ils disent +non+, eh bien qu'ils en sortent".

S'il a lieu, le référendum devrait se tenir en janvier et serait le premier dans le pays depuis celui qui avait aboli la monarchie en 1974.

Mais son annonce a fragilisé davantage le gouvernement Papandréou, qui s'est réuni en conseil des ministres extraordinaire mardi soir, et au cours duquel le Premier ministre a réaffirmé son projet de référendum.

La fronde de plusieurs parlementaires socialistes, dont l'une a réclamé un gouvernement "de salut national" pour garantir l'exécution du plan de sauvetage, a réduit à 152 sur 300 le nombre de députés acquis à M. Papandréou.

Au milieu de cette crise politique qui pourrait entraîner la chute du gouvernement, la Grèce a annoncé mardi un changement de tout son état-major militaire.

Dans la zone euro, toutes les Bourses ont dévissé mardi, les actions des banques subissant une descente aux enfers. A la clôture, Paris a lâché 5,38%, Francfort 5%, Milan 6,80%, Madrid 4,19%. Athènes a plongé de 6,92%.

Londres a terminé sur un recul de 2,21%, Wall Street creusait ses pertes à la mi-journée, et l'euro se dépréciait fortement face au dollar.

Le coup de poker de M. Papandréou a "pris les marchés par surprise et les a choqués", a estimé à Paris la société de courtage IG Market.

"Que va-t-il se passer si le peuple dit +non+? Le risque est que la communauté internationale coupe l'arrivée d'argent et que le pays finisse par quitter l'euro", après avoir fait défaut, a commenté à Francfort Christoph Weil, analyste à la Commerzbank.

L'Italie, de plus en plus dans le collimateur des marchés, a vu ses taux sur le marché de la dette s'envoler. Rome a promis à Bruxelles de présenter les grandes lignes d'un plan ambitieux de relance de la croissance d'ici au 15 novembre.

"Je ne peux pas exclure" une faillite de la Grèce en cas de non au référendum, a averti le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe. Il a confirmé que M. Papandréou avait "pris sa décision sans en informer ses collègues européens".

Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a comparé le référendum à "un coup de dés"."Si cela échoue, ce sera le bazar!", a-t-il mis en garde.

La Maison Blanche a réagi avec plus de prudence, le porte-parole du président américain Barack Obama se contentant de dire que cette annonce surprise "renforçait l'idée que les Européens doivent expliquer davantage et appliquer rapidement les décisions qu'ils ont prises la semaine dernière".

A Bruxelles, les présidents de l'UE, Herman Van Rompuy, et de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont dit avoir "pleine confiance" dans le respect par la Grèce de ses engagements à l'égard de la zone euro.

Dans un communiqué commun, les deux principaux dirigeants de l'UE ont estimé que le plan conclu à l'arraché dans la nuit du 26 au 27 octobre à Bruxelles, qui prévoit une recapitalisation des banques européennes afin qu'elles puissent réduire de 50% leurs créances sur la Grèce, était "le meilleur" pour Athènes.

L'Institut de la finance internationale (IIF), qui représente les grandes banques du monde, a fait savoir qu'il s'en tenait à l'accord de Bruxelles et a "réaffirmé son intention d'aller de l'avant".

En Europe, les associations altermermondialistes et plusieurs responsables politiques de gauche ou écologistes sont venus en aide à M. Papandréou en jugeant bien naturel de demander son avis au peuple grec.

"C'est aux Grecs de choisir s'ils veulent garder l'euro au prix de souffrances considérables ou s'ils veulent une autre stratégie pour leur pays", a déclaré en France Arnaud Montebourg, ex-candidat à la primaire socialiste, en "félicitant" M. Papandréou pour son "courage".

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