La présidente du Medef Laurence Parisot s'en est pris mardi aux candidats à sa succession, accusant en substance de couardise les opposants à sa tentative de changer les statuts de l'organisation patronale pour briguer un nouveau mandat cet été.
La patronne des patrons, dont le second mandat s'achève le 1er juillet et qui en vertu des statuts actuels ne peut se présenter à nouveau, s'est lancée dans un parcours d'obstacles risqué pour obtenir un changement des règles internes du Mouvement des entreprises de France (Medef).
Elle a franchi une première étape lundi, lorsque le comité statutaire composé de sept membres a proposé de nouveaux statuts qui lui permettraient de présenter sa candidature pour cinq années supplémentaires.
Ces propositions doivent être votées le 28 mars à la majorité simple par le conseil exécutif du Medef composé de 45 membres, avant d'être soumises, le cas échéant, à une assemblée générale. Pour que les réformes soient validées, l'AG doit les voter à une majorité des deux tiers.
"Il est évident que certains craignent finalement la confrontation électorale", a déclaré mardi Laurence Parisot, 53 ans. La chef de la plus grande organisation patronale de France répondait lors de sa conférence de presse mensuelle à une question sur des accusations de "putsch".
"Je crois qu'il ne faut pas avoir peur de la confrontation électorale", a-t-elle affirmé. "Je l'ai redit d'ailleurs à certains. J'ai dit à Pierre Gattaz: +mais Pierre tu peux peut-être gagner, tu peux me défaire! Ce sera même plus intéressant+", a-t-elle dit en souriant sur un ton de défi.
Elle faisait allusion à l'un des candidats déclarés, le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI).
"Mon combat ce n'est pas Laurence Parisot, c'est un combat pour l'entreprise", a réagi M. Gattaz, 53 ans, interrogé par l'AFP.
Il a ajouté ne pas en faire "une question de personnes mais une question d'éthique: on ne change pas les statuts pour des convenances personnelles à trois ou quatre mois d'une élection". Il s'est aussi dit prêt à réformer ceux-ci "calmement" s'il est élu.
"Pratiquement tout le monde dit, y compris mes adversaires, que j'ai un excellent bilan", a de son côté relevé la patronne du Medef. "Je ne sais pas comment on peut avoir à ce point des éloges, recevoir autant de remarques favorables et en même temps être une sorte de dictateur", a-t-elle lancé.
Mme Parisot a suscité par sa démarche de vives critiques et polémiques au sein du Medef. Elle est aussi devenue l'objet de railleries anonymes sur l'internet, dont un détournement du film allemand d'Oliver Hirschbiegel "La Chute" consacré aux derniers jours d'Hitler. Les sous-titres français y sont transformés en déclarations supposées de Mme Parisot et de son entourage.
"Les grandes fédérations ainsi que les grands Medef territoriaux sont opposés à ces modifications. A partir du moment où il n'y aura pas la majorité des deux tiers, il est peut-être temps d'arrêter les frais", a déclaré mardi à l'AFP un autre candidat, le patron de la PME Aqoba Thibault Lanxade.
Selon lui, le Medef donne "une image absolument déplorable" avec un débat "totalement occulté par des problématiques d'appareil et de personnes".
"Je ne crois pas que ce sera accepté", a réaffirmé au sujet de la réforme un autre candidat, Geoffroy Roux de Bézieux, 50 ans, patron de Virgin Mobile (Omea Telecom). Le quatrième candidat est l'ex-médiateur de la sous-traitance Jean-Claude Volot.
Mme Parisot évoque souvent la "tempête" dans laquelle se trouve l'économie française pour justifier sa volonté de rester au gouvernail. Ne semblant pas craindre les comparaisons périlleuses, elle a évoqué mardi le troisième mandat du président américain Franklin Roosevelt (1941-1945), dominé par la Seconde Guerre mondiale. "Je pense que c'était bien que ce soit Roosevelt à ce moment-là", a-t-elle jugé.